Comprendre les enjeux de l'agriculture

La zone Russie-Ukraine-Kazakhstan (RUK) est devenue depuis les années 2000 l’un des acteurs majeurs des marchés internationaux des céréales. De sa capacité à gérer les effets du changement climatique dépend la sécurité alimentaire de la planète.

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D’après les données de l’OCDE, en 2015, la zone RUK a augmenté sa production de céréales de 50 millions de tonnes en 15 ans, passant de 150 millions de tonnes à 200 millions de tonnes par an. Sa puissance est manifeste  en matière d’exportations: l’Ukraine exporte 35 millions de tonnes de céréales, suive de près par la Russie avec 32 millions et le Kazakhstan avec 7 millions de tonnes. Cette prédominance de la zone RUK a fait l’’objet de plusieurs analyses dont voici les principales ;

Étude de l’UDSA (US Department of Agriculture) (1)

L’amélioration des rendements est la première cause de ce succès. Elle est d’autant plus spectaculaire que les surfaces cultivées aujourd’hui (2011-2014) ont baissé d’environ 21 millions d’hectares par rapport  à  la période soviétique (1986-1990).  Les chercheurs de l’USDA pensent que les terres perdues ne seront pas récupérées du fait de la baisse des cours internationaux des céréales et de l’accroissement des coûts de production.

Étude de l’Université Libre de Bruxelles (2)

Les résultats de cette étude menée par Laurence Roudart démontrent que la Russie et l’Ukraine auraient un potentiel formidable dans le futur, avec 250 millions d’hectares de terres cultivables non exploitées, soit environ le double des surfaces actuellement cultivées.

Étude de BRL Ingénierie (3)

Cette étude de juin 2016 cherche à estimer l’effet du changement climatique sur le potentiel de développement des productions végétales, en Russie, Ukraine, Kazakhstan à long terme (2065), à partir de deux scenarios différents : un changement climatique modéré (augmentation des températures de 2°C) et un changement climatique extrême avec une augmentation des températures de 4,5°C. La problématique serait donc : tenant compte des changements climatiques, et à surfaces cultivées constantes, quels seront les rendements et la production  futurs de céréales de la zone RUK ?

Culture du blé

Le scenario de changement climatique modéré (+2°C) ferait baisser la production totale d’un petit 4%. Le scenario de changement climatique extrême (+4,5°C) ferait lui baisser la production de blé de 29%, ce qui serait très inquiétant.

Culture du maïs

Le scenario de changement climatique modéré ferait baisser la production totale de façon peu significative (3 %). Le scenario de changement climatique extrême serait catastrophique : la production de maïs chuterait de 70%.

Culture du tournesol

Le scenario de changement climatique modéré ferait baisser la production de façon marginale (3 %). Le scenario de changement climatique extrême réduirait de moitié la production de tournesol. L’étude de BRL conclut que les pays RUK  étant des exportateurs majeurs au niveau mondial, l’évolution de leurs rendements et de leur production auront un effet déterminant sur les cours mondiaux des céréales. Le changement climatique pourrait se traduire par une grande volatilité des productions et des cours. Dernière précision : les projections de BRL étant faites à surfaces cultivées constantes, il est probable que le réchauffement climatique  entraîne un accroissement significatif des surfaces cultivées.

Carole Ivaldi


(1) https://www.ers.usda.gov/webdocs/publications/82573/fds-17b-01.pdf?v=42787

(2) http://agriculture.gouv.fr/telecharger/68725?token=ed5655fe2e2ed44211bad4e21b74088e

(3) http://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/etude_changement_climatique_ruk.pdf

 

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