Comprendre les enjeux de l'agriculture

L’épizootie H5N8 est un agresseur pathogène qui touche les volatiles et oblige les autorités à pratiquer des abattages préventifs d’élevages dans le monde entier.

 

La journaliste, Lucile Leclair, a mené une réflexion sur ces maladies qui trouvent dans l’industrialisation de l’élevage un terreau idéal pour se développer et en a fait un livre « Pandémies, une production industrielle ».

 

En France, depuis décembre 2020, près de 400.000 canards ont été abattus. Le Ministère de l’agriculture a établi que 197 foyers infectieux sévissent en France à la date du 11 janvier 2021.

 

Selon l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), la faune sauvage est le premier facteur de maladies infectieuses dans le monde. Les filières de production et de transport se chargent de leurs propagations.

 

D’abord, les transports des volatiles facilitent la contagion entre les foyers infectés. Ensuite, la densité sur les sites de production accélère la propagation entre individus, au même titre que la contagion par le Covid 19 au sein de la population humaine.

 

Par ailleurs, comme cela est le cas dans la standardisation des cultures, les maladies se propagent d’autant plus facilement que les individus sont fécondés, traités, nourris et élevés à l’identique et en masse.

 

En réponse, les autorités imposent à chaque éleveur français de mettre en place un plan de biosécurité qui consiste en l’aménagement de l’élevage :

 

  • Cloisonnement des volatiles pour les isoler de la biodiversité alentour ;
  • Sas de décontamination pour le personnel ;
  • Introduction d’antibiotiques dans l’alimentation.

 

Selon Lucile Leclair, cette approche traduit l’hypothèse d’une contamination extérieure mais ne solutionne pas la propagation endogène, pire, elle pousse l’éleveur à isoler et densifier son élevage.

 

L’abattage n’est que curatif et ne permet pas l’acquisition d’une immunité collective.

 

Les autorités doivent s’appuyer plus fortement sur les éleveurs qui réfléchissent à des solutions viables pour eux-mêmes, pour les instances sanitaires et pour le consommateur final.

 

Source : Le Monde