Les paysans nord africains, algériens et marocains ont bénéficié de conditions climatiques très favorables au développement des céréales au printemps dernier. Toutefois, les pays du Maghreb importeront au moins autant de céréales que les années passées alors que les prix se sont nettement redressés sur les marchés mondiaux.
Les paysans algériens et marocains ont engrangé une très bonne récolte de blé et d’orge en juin mais la production de grains ne réduit pas pour autant la dépendance de la région des importations de céréales. Or les prix se sont nettement redressés ces trois derniers mois sur les marchés (202,75 €/t échéance décembre – Euronext le 24 août 2018).
Alors que la planète produira 721 millions de tonnes (Mt) de blé cette année, soit 37 Mt de moins qu’en 2017 (source Conseil international des céréales – rapport du 26 juillet 2018) (2), l’Afrique du nord affiche de très bons résultats. 19,8 Mt de blé et 4,7 Mt d’orge y ont été récoltées. Or l’an passé 19,4 Mt de blé et 4,2 Mt d’orge avaient été produites et surtout, deux ans auparavant, seules 14,9 Mt de blé de et de 2,1 Mt d’orge avaient été récoltées.
Performances marocaine et algérienne
L’Algérie et le Maroc sont les moteurs de cette croissance. Les cultures de céréales des deux pays ont bénéficié des précipitations printanières très favorables, entre mars et mi-mai, autrement dit durant la floraison des épis et pendant la période de remplissage des grains.
L’Algérie aurait ainsi produit 2,9 Mt, soit 0,5 Mt de plus que l’an passé, rapporte le Conseil international des céréales (CIC).
Les prévisions de production du CIC s’appuient sur les rendements des cultures en blé en hausse de 18 % sur un an (1,86 t/ ha, pour le blé contre 1,57 t/ha en 2017) et de 15 % par rapport à la moyenne quinquennale observée (1).
Quant au Maroc, il a engrangé 7,2 Mt de blé grâce à des rendements (2,14 tonnes par hectare), eux aussi en hausse de 12 % sur un an alors que la moyenne quinquennale s’établit à 1,86 t/ha.
En Tunisie, le bilan céréalier est mitigé. Le climat a aussi été favorable à la production céréalière dans les régions côtières mais le sud du pays a connu une période de sécheresse intense. Enfin, le gouvernement égyptien pourra compter, comme les années précédentes, sur une production de blé de 8,6 Mt avec un rendement de 6,51 t/ha. Ce dernier est équivalent à ceux de la moyenne quinquennale observée.
En ce qui concerne l’orge, la bonne récolte nord-africaine (4,7 Mt) repose sur l’Algérie et sur le Maroc qui ont produit ensemble 0,6 Mt de plus que l’an passé grâce à des rendements en progression de 12 % sur un an (pour atteindre par exemple 1,44 t/ha en Algérie) (1). Au Maroc, ces derniers sont même supérieurs de 34 % par rapport à moyenne quinquennale observée (1,25t /ha contre 1,68t/ha en 2018).
En Tunisie, la bonne récolte de de blé estimée par le CIC en mai dernier à 1,3 Mt dernier n’a pas excédé un million de tonnes, compte tenu, du déficit hydrique qui a affecté le développement des cultures de céréales à paille dans le sud du pays.
Les importations resteront importantes
Toutefois, les bons résultats de l’année en Afrique du nord n’auront pas de réels impacts sur les importations de blé et d’orge, indispensables pour couvrir les besoins alimentaires des Nord-africains et pour nourrir leurs élevages.
L’Afrique du nord achèterait 26,9 Mt de blé et 3,3 Mt d’orge au cours des douze prochains mois de campagne, selon le CIC.
Avec 12,3 millions de tonnes, l’Egypte redeviendra, au cours des douze prochains mois, le premier pays importateur mondial de blé et dépassera de nouveau l’Indonésie (12 Mt). L’Algérie en importerait 7,7 Mt, le Maroc 3,5 Mt et la Tunisie 2 Mt.
Pour l’orge, le Maroc achètera 0,8 Mt, l’Algérie, 0,7 Mt et la Tunisie, 0,4 Mt. Exsangue, l’agriculture libyenne couvrira très marginalement les besoins des Libyens. Leur pays importera 1.4 Mt de blé puisque seule 0,2 Mt sera produite. Pour l’orge, les achats porteront sur 1.4Mt.
Pour le blé dur, l’Afrique du nord contribue cette année au redressement de la production mondiale. En hausse de 1 Mt, cette dernière atteindrait 38 Mt contre 37 Mt en 2017-2018 et 40,2 Mt un an auparavant. Les pays maghrébins auraient récolté cet été 5,6 Mt dont 2,3 Mt en Algérie (+14 % de hausse en un an) et 2,3 Mt au Maroc (+5% sur un an). Mais selon le CIC, la moisson tunisienne (0,9 Mt) resterait équivalente à celle de l’an passé.
(1) https://ec.europa.eu/jrc/sites/jrcsh/files/jrc-mars-bulletin_northafrica_july_2018.pdf
(2) toutes les prévisions mentionnées dans ce texte sont extraites du dernier rapport du CIC 26 juillet 2018
Frédéric Henin