Comprendre les enjeux de l'agriculture

La Conférence des Parties, ou Conférence des États signataires, est l’organe décisionnel suprême de la Convention-Cadre des Nations-Unies (CCNUCC), ses sessions annuelles visent à promouvoir les dispositions institutionnelles et administratives et à réaliser un inventaire des avancées dans différents domaines. 

Dans le domaine environnemental, il existe trois conventions de référence : 

  • La COP sur la biodiversité signée au Sommet de la Terre à Rio en 1992 ;
  • La COP sur la lutte contre la désertification ;
  • La COP sur les changements climatiques.

Cette dernière est la plus importante, elle engage les États sur leurs objectifs, leurs réalisations et l’agenda climatique des prochains mois.

Du 30 novembre au 12 décembre prochain, se tiendra la 28e session de la COP sur les changements climatiques. Dirigeants, politiciens, scientifiques et représentants de la société civile échangeront sur les stratégies programmées pour lutter contre le réchauffement climatique.

Les représentants des nations convoquées échangeront sur le rôle de l’agriculture et des systèmes alimentaires dans cette lutte. Le choix d’un système de production de denrées et de distribution alimentaire influence directement le volume des émissions de gaz à effet de serre, la protection de la biodiversité, la résilience des acteurs et la souveraineté alimentaire de chacun.

La contribution de la FAO

Dans le cadre de son accompagnement des États membres, la FAO a publié plusieurs documents de synthèse qui constituent des ressources reconnues pour alimenter les débats à venir :

  1. Un rapport, intitulé Strategy on Climate Change 2022-2031, qui compile les observations scientifiques sur les pratiques et innovations favorables à une résilience climatique et durable des systèmes alimentaires ;
  2. Le Plan d’action 2022-2025 élaboré pour la mise en œuvre de la stratégie ;
  3. Le guide Using metrics to assess progress towards the Paris Agreement’s Global Goal on Adaptation ou comment utiliser les indicateurs pour évaluer les effets des transitions agricoles sur les objectifs fixés lors des Accords de Paris ;
  4. Le rapport sur le paysage forestier mondial et son potentiel économique pour la résilience des populations locales : La situation des forêts du monde 2022 . Des travaux dont la conclusion comporte trois axes : cesser la déforestation, restaurer les terres et développer l’agroforesterie ;
  5. Un bilan sur les ressources de la région MENA, intitulé L’État des ressources en terres et en eau pour l’alimentation et l’agriculture dans la région du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord et qui doit éclairer les décideurs politiques sur les questions agricoles face à l’urbanisation et aux contraintes climatiques.
  6. L’étude portant sur l’état des ressources génétiques à l’épreuve du réchauffement climatique : The role of genetic resources for food and agriculture in adaptation to and mitigation of climate change;
  7. Un guide de recommandations pour améliorer la nutrition et la biodiversité à travers les choix de système agroalimentaire :Climate change, biodiversity and nutrition nexus ;
  8. La ressource Methane emissions in livestock and rice systems – Sources, quantification, mitigation and metrics , éditée pour guider les décideurs vers une politique agricole plus durable en matière d’élevage et de riziculture

La ville de Dubaï, aux Émirats arabes unies, accueillera cette COP28, véritable plateforme de dialogue collaboratif entre les continents. En marge des négociations sur le climat, la FAO organisera des événements et partagera son expertise au sein de son Pavillon de l’alimentation et de l’agriculture.

Le financement et l’innovation restent des questions prioritaires pour conduire avec succès la transformation des systèmes agroalimentaires. Pour cela, les porteurs de projets, qu’ils soient privés ou institutionnels, doivent avoir la capacité à traduire leurs intentions, en termes de bénéfices et de risques, pour convaincre les investisseurs.

Le programme de la COP28

Depuis plusieurs mois, les parties prenantes sont consultées sur des thèmes liés à la lutte contre le changement climatique. Leurs contributions ont permis de construire le programme de la COP28. Des journées à thèmes se succéderont. Dans les mois qui suivront, des événements distincts seront organisés pour compléter les débats.

A l’issue de la COP28, les participants auront fait le bilan des actions et identifié les obstacles rencontrés par les États dans la réalisation des objectifs à horizon 2030.

Quatre axes ont été identifiés (innovation, inclusion, communautés impactées et financement) et viendront rythmer les journées thématiques suivantes :

  • Santé ;
  • Marchés ;
  • Energie ;
  • Urbanisation et infrastructures ;
  • Jeunesse et éducation ;
  • Nature et ressources ;
  • Agriculture et alimentation.

Les objectifs sont de former des propositions d’avenir, notamment pour les régions les plus touchées par le réchauffement climatique et les plus démunies en matière de capacité de production agroalimentaire, par manque de terres cultivables et d’eau.

Outre le partage d’expériences, ce rendez-vous a aussi pour objectif d’accompagner les États dans l’élaboration de politiques incitatives, pour la survie alimentaire et économique des populations et pour la création d’un écosystème propice à l’innovation et à l’investissement.

En Afrique, le défi climatique s’ajoute à celui de la souveraineté alimentaire et à celui d’une démographie croissante. La population de la région du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord est passée d’environ 70 millions d’habitants dans les années 50 à presque 420 millions en 2020. Les projections tablent sur 633 millions à l’horizon 2050.

L’exode rural que connaît l’ensemble de cette zone augmente la pauvreté urbaine et limite les capacités agricoles. L’agriculture est pourtant un pilier central dans ce débat sur le réchauffement climatique, ce secteur doit à la fois garantir une production suffisante et assumer largement la transition durable.

Pour relever l’ensemble de ces défis, les États s’appuient sur des données relatives aux ressources, collectées et exploitées par la FAO. L’organisation fournit un état des lieux, décrivant la disponibilité, l’utilisation, la gestion des terres et de l’eau. Elle décrit aussi les tendances et les moteurs de celles-ci : démographie, urbanisation, consommation…

Les recommandations vont vers la création d’une politique territoriale reliant la campagne à la ville, vers des solutions qui marient technologie et nature et vers une gestion décloisonnée (utilisation des eaux usées comme ressource d’irrigation par exemple).

Cette COP28 sera une nouvelle opportunité de traiter des questions restées sans réponse à l’issue des débats préalables. Ainsi, lors de la précédente session, les participants avaient acté le principe d’un fonds destiné aux pertes et dommages subis par les pays du Sud.

Depuis, les États n’ont pas réussi à s’entendre sur les termes de ce projet : quel gestionnaire, quels bénéficiaires et quels contributeurs ? La Chine ne considère pas sa contribution et les États du Sud rechignent à céder la gestion de ce nouveau fonds à la Banque Mondiale, préférant la création d’une organisation indépendante.

Dans cette volonté collective de préserver les capacités de la terre à nourrir ses habitants, les États peinent à trouver l’équilibre entre l’ambition mutuelle et la défense des intérêts nationaux. Et le continent africain, autrefois considéré comme un « sous-traitant », s’impose désormais comme un partenaire.

 

Sources : FAO, Le Monde