Comprendre les enjeux de l'agriculture

Agriculture et changement climatique en Europe

1 – L’effet de serre et le changement climatique

En 1990, Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat)

annonçait dans son premier rapport, les menaces que les activités humaines, industrielles, agricoles et domestiques, faisaient courirà la planète, les émissions de gaz à effet de serre contribuant à une déréglementation du climat.

La maîtrise des émissions de gaz à effet de serre devient un des objectifs des politiques publiques nationales, européennes et internationales. Sur son site consacré au changement climatique2, la Commission constate que l’agriculture, tributaire des aléas météorologiques, est très exposée au changement climatique, mais qu’elle contribue aussi aux émissions de gaz à effet de serre.

2 – La contribution de l’agriculture et de la forêt au bilan des gaz à effet de serre (GES)3

En France, l’agriculture et la sylviculture contribueraient à hauteur de 16 % aux émissions de CO2, à 70 % aux émissions de CH4. Et enfin l’agriculture contribuerait à hauteur de 76 % aux émissions de N2O.

 

3 – Le bilan des gaz à effet de serre dans l’agriculture

Les émissions de GES dues à l’agriculture dans l’UE à 28 Etats-Membres s’élevaient à 471 milions de tonnes équivalent CO2 en 2012, ce qui représentait 10,3% du total de émissions de la région.Sur le plan historique, les émissions de GES dues à l’agriculture ont fortement décru dans l’UE-28 : moins 24%, de 618 millions de tonnes équivalent CO2 en 1990 à 471 millions en 2012.

4 – Réduire la contribution de l’agriculture au changement climatique et atténuer ses effets sur la même agriculture

Adapter l’agriculture au changement climatique4
  • Selon la Commission, à court terme, l’adaptation au niveau de l’exploitation pourra suffire. Quelques solutions dadaptation :
  • l’ajustement du calendrier des travaux agricoles (dates des plantations ou des semis et traitements),
  • la mise en œuvre de solutions techniques, comme la protection des vergers contre les dommages dus au gel ou l’amélioration des systèmes de ventilation ou de refroidissement installés dans les abris pour animaux,
  • la sélection de cultures et de variétés mieux adaptées à la durée prévisible de la période de végétation et à la disponibilité des ressources en eau, et plus résistantes aux nouvelles conditions de température et d’humidité,
  • l’adaptation des cultures sur la base de la diversité génétique existante et des nouvelles possibilités offertes par les biotechnologies,
  • l’amélioration de l’efficacité des mesures de lutte contre les organismes nuisibles et les maladies,
  • une utilisation plus raisonnée de l’eau grâce à la réduction des pertes d’eau, à l’amélioration des pratiques d’irrigation et au recyclage ou au stockage de l’eau.

Si ces solutions sont fortement susceptibles de pouvoir contrebalancer les changements climatiques préjudiciables, à plus long terme, on ne pourra faire l’économie de changements technologiques et structurels.

Accroître la productivité de l’utilisation des terres de manière durable5

L’analyse de la Commission montre que, d’ici 2050, le secteur de l’agriculture peut réduire ses émissions de gaz autres que le CO2 de 42 à 49 % par rapport à 1990. Les politiques agricoles devraient se concentrer sur des options comme la recherche d’une plus grande efficacité qui soit durable, l’utilisation efficace des engrais, la méthanisation du fumier organique, une meilleure gestion des fumiers, de meilleurs fourrages, la diversification et la commercialisation de la production au niveau local, une plus grande productivité du bétail, ainsi que la maximisation des bénéfices de l’agriculture extensive.

5 – Replacer les sols au centre des pratiques agricoles6

Une augmentation de 4 pour 1000 des stocks de carbone chaque année dans la totalité des sols mondiaux, sans aucune déforestation, compenserait en totalité les émissions de CO2 d’origine anthropique.

Les moyens : la gestion des sols et l’agroécologie

Les pratiques agricoles et forestières favorisant le stockage du carbone dans les sols et dans la biomasse contribueront à la préservation des ressources naturelles et de la biodiversité, à l’augmentation des rendements et à leur stabilité face aux aléas climatiques :

  • Éviter de laisser le sol à nu pour limiter les pertes de carbone
  • Restaurer les cultures, les pâturages et les forêts dégradées
  • Planter arbres et légumineuses qui fixent l’azote atmosphérique dans le sol
  • Nourrir le sol de fumiers et de composts
  • Conserver et collecter l’eau au pied des plantes pour favoriser la croissance végétale

6 – La prise en compte politique des impacts des changements climatiques7

La volonté d’intégrer la résilience au climat dans l’action de l’UE s’appuie sur trois actions principales :

  • faciliter son intégration dans la politique agricole commune et la politique commune des pêches;
  • améliorer la résilience des infrastructures grâce à un travail sur les normes dans l’industrie, l’énergie, les transports, le bâtiment et l’élaboration de lignes directrices à l’intention des porteurs de projets ;
  • promouvoir des produits d’assurance et financiers pour des décisions d’investissement « à l’épreuve du climat ».

Le projet de cadre financier pluriannuel 2014-2020 prévoit de porter les dépenses liées au climat (atténuation et adaptation) à 20% du budget de l’UE.

Jacque Loyat

2 http://ec.europa.eu/agriculture/climate_change/index_fr.htm

3 Source INRA

4 DOCUMENT DE TRAVAIL DES SERVICES DE LA COMMISSION accompagnant le livre blanc sur l’adaptation au changement climatique. L’adaptation au changement climatique : le défi pour l’agriculture et les zones rurales européennes. SEC (2009)

5 COM(2011) 112 final. Feuille de route vers une économie compétitive à faible intensité de carbone à l’horizon 2050 – Bruxelles, le 8.3.2011

6 Reprise de : 4 pour 1000. La séquestration du carbone dans les sols. INRA, IRD, CIRAD.

7 Extrait de : CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL, Paris, le 23 avril 2014

L’adaptation de la France au changement climatique mondial

Projet d’avis présenté au nom de la section de l’environnement par MM. Jean Jouzel et Antoine Bonduelle, rapporteurs