Le sorgho est de plus en plus considéré comme une alternative avantageuse aux cultures de céréales à paille ou au maïs qui sont, elles, plus sensibles au dérèglement climatique. Cultivé pour produire des grains, du fourrage ou pour l’industrie, le sorgho est peu gourmand en engrais.
Cultivées depuis l’émergence de l’agriculture en Egypte, les différentes variétés de sorgho n’ont aujourd’hui plus rien à envier à celles de maïs, auxquelles elles sont souvent comparées. Le développement des deux plantes repose sur le même mécanisme de photosynthèse pour produire de la matière organique qui est deux fois plus efficace que celui des céréales à paille (blé, orge, avoine, etc
De nos jours, les différentes variétés de sorgho produisent quasiment autant de grains par hectare que celles de maïs tout en conservant leur rusticité originelle. Sans irrigation, un hectare de sorgho produit 7 tonnes de grains par hectare. Toutefois, les rendements sont plus faibles en Afrique, et notamment en Ethiope où ils sont estimés à 2,4 tonnes par hectare.
Les graines de sorgho sont plus riches en protéines (12 %) que le maïs grain (10 %) tandis que leur valeur énergétique est plus élevée.
Par ailleurs, le sorgho est « une des plantes cultivées les moins exigeantes en eau », défend Sorghom International Development (Sorghum ID), l’organisation européenne et interprofessionnelle du sorgho (1). Les besoins de la plante en eau sont en effet compris entre 400 et 500 mm. Doté d’un mécanisme photosynthétique plus performant que celui du maïs pour fabriquer de la matière organique, il se développe facilement, dans des conditions de températures élevées, sans être irrigué.
La culture du sorgho moins risquée que celle du maïs
Enfin, la plante possède un système racinaire très dense dont les racines sont capables d’absorber les nutriments du sol jusqu’à deux mètres de profondeur.
« Non seulement le sorgho consomme peu d’engrais azoté, mais de surcroît 40 % de l’azote absorbé par la culture est restitué sous forme organique dans l’humus du sol après la récolte. Ce qui représente un apport équivalent de 60 à 80 kg d’azote par hectare », ajoute Sorgho ID. Enfin, le sorgho est aussi peu exposé aux maladies et aux ravageurs.
Aussi, la culture du sorgho est moins risquée que celle du maïs dont les agriculteurs et les éleveurs occidentaux se rendent compte, année après année, que son potentiel de rendement est limité lorsque les températures sont très élevées. Gourmand en intrants, le maïs exige de plus des précipitations fréquentes pour produire des grains et du fourrage en abondance.
En Éthiopie, une nouvelle variété de sorgho cultivée pour la production de grains devrait donner lieu à deux ou trois récoltes par an si elle est constamment irriguée, a déclaré, le 28 juin dernier, Gethaun Mekuriya, ministre éthiopien des Sciences et Technologies. Les plantes repoussent en effet après chaque coupe et produisent au final cinq fois plus de grains par hectare. Mais en condition sèche, une seule récolte est possible.
Ensilé en plante entière pour l’alimentation du bétail, « le sorgho est rentable si le rendement en matière sèche est supérieur de 10% à celui du maïs » défend Sorghum ID. Mais dans certaines régions, la production de maïs ensilage étant de plus en plus compliquée, seule la culture du sorgho est possible.
Qu’il s’agisse de production de grains ou de fourrages, certaines variétés de sorgho sont récoltées en une fois. Ce sont des sorghos dits « mono-coupe » qui ont besoin de 100 à 140 jours de végétation.
D’autres variétés sont récoltées plusieurs fois, généralement en fauche pour le grain ou pour être pâturé par les animaux. En six mois de culture, un champ de sorgho peut alors être fauché quatre fois s’il est destiné à la production fourragère.
Au-delà de la fabrication d’aliments pour bétail, le sorgho peut offrir de nouveaux débouchés comme la biochimie ou les biocomposites (matériaux dérivés de la plante).
Géographie de la production
Le sorgho est la cinquième céréale produite dans le monde, sur tous les continents. Sa culture s’étend dans l’hémisphère nord, en France en particulier, à des latitudes impensables il y a encore 20 ou 30 ans.
Dans le monde, près de 60 millions de tonnes de sorgho grain sont récoltées chaque année, selon le conseil international des céréales. Le continent africain produit 28 millions de tonnes par an et le Soudan à lui seul, 5,7 M. Les trois premiers pays producteurs de la planète (Etats-Unis, Argentine, Australie) ne représentent que 20 % de la production totale.
Sa production est quasi-insignifiante en Afrique du nord. Seul 0,8 million de tonne (Mt) est récolté dont 0,7 Mt en Egypte. Les autres pays maghrébins ne récoltent que 0,1 Mt.
Toutefois, le sorgho a toujours été cultivé au Maroc comme l’atteste, en 1951, la revue internationale de botanique appliquée et d’agriculture tropicale (2).
L’ouvrage, « Les cultures fourragères dans les oasis » publié par le Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes (Ciheam) (3), décrit le sorgho comme une espèce fourragère bien adaptée aux oasis marocaines, très productive puisque son rendement peut atteindre plus de 45 tonnes de fourrage vert par hectare ».
- Le site d’ID Sorghum est https://www.sorghum-id.com)
Le deuxième congrès européen du sorgho organisé par Sorghum ID se déroulera les 7 et 8 novembre prochains à Milan ; il sera l’occasion de promouvoir la culture de cette céréale.
- https://www.persee.fr/doc/jatba_0370-5412_1951_num_31_341_6393
- http://om.ciheam.org/om/pdf/a11/CI901493.pdf
Frédéric Henin