Comprendre les enjeux de l'agriculture

Pour illustrer les phénomènes de transition – ici la transition écologique en agriculture, il est toujours intéressant de mieux comprendre les petites histoires : des histoires individuelles emblématiques qui, une fois juxtaposées, tissent, au fil des générations, la Grande Histoire. Nous proposons deux histoires, l’une en Bretagne, l’autre dans les Vosges. La première est celle de Denis Baulier, éleveur et agriculteur proche de la retraite. La seconde est celle du Groupement agricole d’exploitation en commun (GAEC) des Copains, dont la production diversifiée est vendue directement.

Leurs points communs : une démarche cohérente tout au long de la création et du développement de la ferme ; une viabilité économique assise sur une approche « éco-logique » ; une inscription forte dans le territoire en tant qu’acteurs économiques et promoteurs du paysage.  Ils tissent des liens nouveaux pour favoriser la transition des organisations humaines et renforcent  le lien entre les pratiques agricoles et la gestion d’un « commun naturel », la ressource en eau.

1- L’aventure de Denis Baulier, éleveur de chevaux et producteur de céréales

Commençons par le récit du parcours de Denis Baulier, éleveur de chevaux Connemara et paysan producteur de céréales et pommes bio à Port Blanc dans les Cotes d’Armor.  Ses choix d’activités (diversification, aspects techniques) et ses convictions ont résonné depuis plus de trente ans dans la péninsule bretonne, région côtière au double visage agricole et touristique.

Après une première découverte de l’équitation au lycée et une tentative non aboutie de réaliser des études vétérinaires qui le conforte, cependant, dans son intérêt pour les bêtes, le jeune Denis, issu d’une famille nombreuse et non agricole, cherche un métier porteur de sens.
Il rejoint des amis ergothérapeutes qui lancent alors une première activité thérapeutique autour des poneys destinée aux enfants handicapés. Cette première affaire collective n’ayant pas toujours été simple, Denis décide de s’installer à son compte et identifie une ferme à reprendre auprès d’agriculteurs partant à la retraite. Cette ferme en mauvais état est le lieu d’un chantier d’auto-rénovation complète des bâtiments pendant 7 ans et la base arrière d’une activité économique de randonnées équestres estivales dans les zones naturelles des Monts d’Arrée. Viendra ensuite la création d’un écogite.
En 1989, Denis et sa famille prennent la décision de changer de lieu d’implantation particulièrement en raison des algues vertes qui prolifèrent sur les plages et des excès de rejets issus des élevages porcins en amont des rivières. En effet dans cette zone côtière (proche de la plage de St Michel en Grève), les odeurs pestilentielles émises par les « tapis d’algues » arrivent par vent d’ouest, et Denis se rend compte qu’il n’est plus judicieux de continuer à investir dans une activité d’écotourisme.

Une vie d’aventure bretonne : du cheval aux céréales, de la terre au territoire

Denis qui s’est formé parallèlement au monitorat d’équitation, accède au statut d’agriculteur éleveur de connemara. Il s’installe alors à Port-Blanc sur un terrain vierge, dans une petite vallée abandonnée car sans intérêt pour l’agriculture conventionnelle du fait de pentes, de cailloux mais riche d’un biotope exceptionnel. Denis procède à la construction du centre équestre, écuries, manège couvert, et d’une vaste maison en bois, le tout en auto-construction tant par plaisir de passer du trait de crayon à la réalisation, que pour valoriser les journées d’hiver.
Baisse de la production mondiale des céréalesPour produire l’alimentation des chevaux, Denis prend en location des terres supplémentaires qui intéressaient peu les légumiers de plein champ présents dans le secteur. Sur ces terres, il réalise alors des cultures de céréales (25 à 30 tonnes d’avoine par an pour nourrir les chevaux), puis frôle la catastrophe en 2007 : le printemps particulièrement mauvais a fait que les foins coupés mi-juillet n’étaient pas bons. La perte de tout le foin l’a conduit à un achat de foin bio venant du Sud (à 300 Euros/tonne), ce qui finit de le convaincre qu’il faut d’urgence améliorer son système pour le fourrage.
En ayant visité les fermes allemandes du Baden Wurtemberg – dans le cadre de son activité associative pour la reconquête de la qualité de l’eau – Denis découvre que les agriculteurs laitiers avaient tous mis en place un séchage en grange, afin de d’obtenir un bon foin en quantité et qualité. Il voyage aussi dans le Jura pour aller voir certains éleveurs, qui s’interdisent l’utilisation du maïs pour leurs bêtes. Il achète, alors, du matériel d’occasion : griffe à foin et gros ventilateur. Il démarre la construction du séchage en grange en janvier 2008 et rentre sa première récolte de foin début juin. Depuis, Denis a fait le choix de ne plus donner un seul grain de céréales aux chevaux, mais seulement de l’herbe et du foin, ce qui a réduit les problèmes sanitaires dont une diminution des coliques pour les bêtes.
N’ayant plus besoin de produire des céréales pour les chevaux, Denis consacre donc son activité de production de céréales à la nourriture des humains, et notamment du blé pour la consommation personnelle. Denis prolonge le bâtiment de séchage en grange pour accueillir également trieur, séchoir et moulin. Il propose alors au magasin coopératif bio du secteur et à des restaurants et crêperies locales son blé et son sarrasin.  Il en commercialise aussi en vente directe, devant l’intérêt croissant des consommateurs pour la fabrication de leur pain.
Aujourd’hui Denis travaille sur 40 hectares dont la majorité est consacrée à l’herbe, avec affouragement en foin basé sur des surfaces conduites en luzerne et ray-grass hybride (Italie/anglais). Il produit, en moyenne, 12 tonnes de matière sèche/ha, avec peu de frais de cultures, par des cultures assez pérennes. Il ne réalise pas de labour sur des périodes de 7 à 8 ans, et met en place des rotations très longues, l’herbe étant ensuite suivie de deux années de suite par des céréales (d’hiver puis de printemps) puis rotation vers 1 ou 2 ans de sarrasin. Aujourd’hui, deux personnes à plein temps et une à mi-temps tirent leurs revenus de la ferme.
A l’issue de toutes ces années, Denis a mis au point un modèle basé sur le séchage des foins, l’autonomie fourragère, la cohérence, l’équilibre et la diversité des activités. Il partage plusieurs constats et dit notamment : « Le séchage en grange est assez peu répandu en Bretagne car, dans les années 1970, c’était la grande poussée vers le productivisme. Si j’avais connu la piste séchage en grange, je l’aurais fait vingt ans plus tôt ». L’absence de partage des savoir-faire (notamment la connaissance des bonnes pratiques à l’étranger) peut être un ralentisseur (voire une source d’échec) de projets. Il a aussi la conviction que les activités touristiques et agricoles sont complémentaires, tant à l’échelle de la ferme que du territoire, et qu’il faut donc trouver le juste équilibre, au bénéfice de tous.

Un territoire agricole et touristique en mutation

Comme dans beaucoup de régions en France, les activités agricoles et touristiques en Bretagne sont souvent concomitamment pratiquées . Notons d’ailleurs que le chiffre d’affaires global du secteur touristique en France est supérieur à celui de l’agriculture. Cela vient nous rappeler que le paysage rural n’est pas seulement un lieu de production, mais aussi d’épanouissement culturel et physique. Par ses choix professionnels, Denis a toujours défendu la pluriactivité, ce qui, il y a encore quelques décennies, était peu concevable  à cause du statut d’entreprise agricole et des systèmes d’aides.
Aujourd’hui, beaucoup de fermes développent une activité d’accueil (gites ruraux, camping à la ferme, table d’hôtes). Pour les éleveurs qui vivent en zone reculée, le tourisme est un bon moyen d’avoir un revenu complémentaire quand l’agriculture ne leur fournit pas des revenus décents. Il permet aussi de lutter contre l’isolement et la solitude.
Denis a la conviction que son modèle de ferme agricole combinée à l’équitation pourrait être dupliqué dans des territoires qui ont un patrimoine naturel et/ou historique à montrer. Il pense également que pour une agriculture plus performante à l’avenir, en qualité et protection du paysage, le tourisme est d’un bon secours. Il permet de modérer les attitudes productivistes de certains producteurs. De fait, les touristes refusent le plus souvent de venir dans des fermes conventionnelles, par exemple celles produisant du porc hors sol (en raison des odeurs).
Les équilibres entre activités sont toujours subtils et en mouvement. A titre d’exemple, sur le territoire du Trégor, dans un rayon de 20km, l’activité élevage a reculé. Le nombre de vaches dans les fermes voisines a fortement baissé. Le nombre de têtes a été divisé  par vingt en 20 ans. Ceci pose un problème agronomique (moins de fumier et moins de prairies).
La production dominante dans son secteur est  la culture de légumes de plein champ (avec l’Union des Coopératives de Paimpol et Tréguier, adhérente de Triskalia), qui a désormais une section bio. Sur les dernières années, 20% des adhérents de cette coopérative sont passés au bio, encouragés notamment par la progression des prix.
La coopérative UCPT estime que, dans 4 ou 5 ans, le territoire comptera environ 50% des producteurs en bio sur le territoire. Ceux-ci font usage de compost issu de plateformes des territoires (tontes, branchages). Le maillage des infrastructures de déchets verts n’est peut-être pas encore adapté, mais ils constituent néanmoins une manne pour l’agriculture bio. Ces déchets ont permis d’amender les sols et d’en faire remonter le taux de carbone.
Leurs productions légumières sont principalement exportées vers l’Allemagne et l’Angleterre.  Bien que 20% des producteurs locaux soient en bio, cette production n’est pas vendue aux cantines locales… A ce sujet, Denis a fait le constat d’un verrou important dans les conseils municipaux, où les agriculteurs conventionnels sont majoritairement représentés.

Une action collective sur le territoire pour favoriser un modèle durable

Denis est, depuis 30 ans, un acteur de la transition agricole, alimentaire, énergétique sur le territoire. Il a contribué à réduire les intrants, à limiter la prolifération des algues vertes, à favoriser l’adoption d’outils de transformation et  de vente collectifs, à accroître la vente de la production locale aux habitants du territoire et à encourager la transition énergétique…
Au début des années 90, avec l’aide de quelques estivants, le projet d’un promoteur de transformation du village de pêcheurs de Port Blanc est bloqué. Une association de conservation et animation du patrimoine est mise en place pour lutter contre le bétonnage du trait de côte. Puis Denis participe à un travail sur projet d’évacuation des eaux usées dans sa commune. Le projet initial prévoyait la construction d’une station traditionnelle (béton, bassins de décantation, pompes). Le choix final s’est orienté vers un projet de lagunage (inspiré de l’exemple de Rochefort sur mer).
Denis poursuit son action de militant dans des associations environnementalistes. A travers la fédération des associations pour la nature (Fapen), il développe un travail sur la pollution de l’eau par les nitrates, et lance une première opération de rétention d’une partie des montants des factures sur un compte séquestre. 2000 foyers du département y participent, souhaitant ainsi marquer leur refus de payer une eau du robinet trop chargée en nitrates.
Cette action de désobéissance a déclenché une réaction vive chez les conseillers départementaux et les maires, fortement interpellés par le fait que le citoyen décide seul de ne pas payer sa facture d’eau. Si cette première opération n’a pas totalement abouti, car certains associatifs ont trouvé l’exercice trop osé, Denis continue de paser à l’action avec Eaux et Rivières de Bretagne. Cette association mobilise également des médecins (comme le nutritionniste Lylian Le Goff). L’action s’organise à l’échelle de la grande région Bretagne, entre professions complémentaires : c’est la création du Réseau Cohérence avec 120 asociations adhérentes qu’a présidé Denis pendant 5 ans.
Denis propose alors au Conseil d’administration de travailler sur la définition d’un cahier des charges concernant la production porcine, écrit en commun par les producteurs, les consommateurs, les médecins, etc. Cette idée très constructive a le soutien des pouvoirs publics nationaux (Ministère) et se concrétise par un voyage d’étude en Allemagne, Belgique et Suisse  et des liens avec Bionatura.
Dix-huit mois plus tard voit le jour un cahier des charges permettant de limiter l’usage des phytosanitaires et intrants, d’avoir une bonne interconnexion à l’échelle du canton entre élevage/culture/légumes et de développer l’élevage du porc sur paille. La marque « le Porc authentique », issue de ce cahier des charges, se développe auprès de charcutiers et bouchers traditionnels.
Le deuxième temps de l’action de Denis arrive : il souhaite insuffler à l’économie une dynamique pour nourrir les habitants en grande partie avec des productions locales, et à agir contre les algues vertes. En 1997, une large manifestation rassemblant 8 000 personnes (en zone rurale) est organisée à Pontivy « Pour l’eau pure : une autre agriculture ».  Le sujet commence à être traité pas les médias. Denis monte alors l’association EPAT (Etude pour une autonomie alimentaire dans le Trégor) dont l’un des objectifs est la mutualisation des moyens.
Il élabore dans la foulée, malgré l’opposition des élus locaux, un projet innovant de lieu de mutualisation à la fois technique et pédagogique et un lieu de tourisme économique et industriel.

Acteur de son champ, du territoire et de la nation

Aujourd’hui Denis continue son action sous plusieurs formes. Il constate que son territoire de vie est en retard dans plusieurs domaines : transition énergétique, autonomie alimentaire, préservation de ses ressources naturelles. Denis met en avant le besoin de se prendre en main, de faire quelque chose pour la cité, de participer activement au devenir du territoire, et considère que payer ses impôts et voter ne suffit pas. Il vient, en ce sens de lancer, avec d’autres le Mouvement des Scarabées. A ses yeux,  « Nous ne sommes pas là pour être des supplétifs d’élus. »

2- Sarah et Fabrice : Le GAEC des Co’pains dans les Vosges

 L’une des origines du GAEC des Copains est aussi la Bretagne ! Il a été cofondé par Sarah et son mari Fabrice. Tous deux ont eu une première vie professionnelle : Sarah dans l’entreprise Michelin, et Fabrice exploitant laitier en Pays de Loire. Sarah a choisi une reconversion professionnelle vers l’agriculture. Elle choisit de devenir paysan boulanger et ambitionne de créer une exploitation qui intègre  l’élevage. Le couple commence par s’associer avec un fermier laitier près de Vittel. L’association échoue rapidement.
Se présente alors une seconde opportunité. De nombreux terrains dans le secteur sont propriété de Nestlé (eaux de Vittel et Contrex). La multinationale suisse met à la disposition de Sarah 15 ha de terres cultivables en bio.
Installée en avril 2008, Sarah produit alors du blé bio et le transforme en farine et pain. Le couple achète 4000 m2 de terrain pour construire le fournil (terrain vendu par Nestlé) et un petit logement à l’étage du fournil. Les deux époux font le choix d’une construction en paille.
En 2011, ils achètent  37 ha à un agriculteur qui part en retraite. Ils recrutent une salariée  et se lancent dans l’élevage de poules pondeuses et la fabrication de pâtes. En 2013, un copain, Pierre-Olivier, s’installe chez eux avec un petit troupeau de brebis allaitantes.
En 2019, l’élevage de brebis est arrêté en raison d’une surcharge en quantité et diversité de tâches. Les trois associés se sont réparti autrement le travail : ils font tous le pain à leur tour, car « c’est le pain qui paye le plus et qui fatigue le plus aussi ». Les autres activités aussi sont réparties par affinités. La salariée effectue une partie des livraisons. Pierre-Olivier s’occupe de la fabrication des pâtes, Sarah de la rotation sur les productions végétales et l’administratif, Fabrice d’une large part de la production. Quatre personnes sont désormais actives sur le GAEC et ont trouvé un mode d’organisation collective satisfaisant.

Du pain, de l’énergie solaire, des terres, de l’eau : quel équilibre entre intérêts particuliers, préservation des communs naturels et développement économique durable ?

 Il est intéressant de décrire quelles ont été les relations, les perceptions, les préjugés, les liens tissés au fil des année sur le territoire. Le projet avait dès le départ été bien accueilli par le conseil municipal de la commune, très rurale, avec 170 habitants sans école ni commerces. Sarah avait obtenu sans difficulté les autorisations pour construire. De leur côté, les villageois n’ont pas montré un engouement fort et l’ont sans doute trouvé au départ trop exotique. Même si de nouveaux agriculteurs hors cadre familial sont également arrivés récemment sur le territoire, les jalousies locales se sont exprimées à plusieurs reprises, lors de l’obtention des terres, puis lors de l’achat de friches sur la commune. Aujourd’hui les relations sont meilleures.
Concernant le pain, la demande existe dès le départ car il n’y avait pas de paysan boulanger dans le secteur. Dans une recherche de cohérence avec une agriculture écologique locale, au moment de la construction du bâtiment du fournil en 2013, les associés pensent à l’équiper en production d’énergie solaire. Le GAEC envisage de mettre à disposition la toiture à disposition d’un collectif qui pourrait monter le projet de production d’électricité photovoltaïque. Une petite commission au sein de l’association Horizon contribue alors à structurer le projet.
A l’arrivée, 73 sociétaires (62 personnes physiques, 11 organisations publiques et privées) d’un territoire un peu élargi, aux affinités fortes, ont pris des parts au capital de la SCIC Horizon de Mains, et permis de finaliser la mise en place des panneaux solaires fabriqués en France, d’une puissance de 36 kW sur le toit du bâtiment du GAEC, et son raccordement au réseau en 2019. Fabrice regrette que peu d’habitants du village ont pris des parts dans la société. Pour rendre le territoire plus durable, le GAEC essaie de trouver le bon équilibre entre autonomie et coopération, entre indépendance et fonctionnement collectif.
Les deux grands projets actuels de la ferme sont :le passage en biodynamie pour son effet positif sur les sols ; la mise en place d’une rotation commune avec d’autres fermes (producteur de lait et maraichers de plein champ). Le producteur de lait va s’occuper de la partie prairies temporaires (sur ses terres et celles du GAEC), ce qui sera plus rationnel par rapport au niveau de travail et techniquement et agronomiquement cohérent.
Concernant l’accès aux terres et l’usage des terres arables sur le territoire, Fabrice perçoit des incohérences et fait état d’un peu de colère par rapport aux perspectives pour l’avenir. Parfois des agriculteurs conventionnels élus sont les mêmes qui vont se battre pour agrandir leurs fermes et pour garder des écoles ouvertes dans les villages, alors que le nombre des familles continue à baisser. Il observe la poursuite de la tendance à l’agrandissement des fermes existantes qui empêche souvent l’installation de fermiers qui voudraient simplement y vivre en cultivant 30 ha qui permettraient de faire vivre une famille. La terre ne lui semble pas gérée comme une ressource commune, un « commun naturel » faisant l’objet d’une gouvernance adaptée à un développement économique et humain équilibré.
Le principal frein à la transition agricole et agroécologique pour Fabrice est la tendance au repli du monde agricole sur lui-même. Selon lui, la profession agricole ne représente presque plus rien dans la société française et ne fait rien pour y remédier. Pour décloisonner ce milieu, il a une proposition de rupture : faire disparaitre les écoles d’agriculture, et inciter les futurs agriculteurs à se former à la vraie vie d’abord ! Concernant les transmissions, le défi selon lui serait d’intervenir suffisamment tôt avant le départ en retraite des agriculteurs âgés, pour tisser du lien et favoriser de nouveaux projets.

En conclusion, ce qui semble relier ces deux histoires de transition, outre la poursuite du bon sens, la recherche de l’intérêt général, c’est également la grande difficulté à s’organiser localement pour la bonne gestion des communs naturels sur les territoires, et le défi de « faire ensemble » pour construire des systèmes agraires qui bénéficient dans la durée tant aux agriculteurs qu’à l’ensemble de la société.

Sources complémentaires :

-Travaux du Prix Nobel d’économie Elinor Ostrom, en particulier les principes de bonne gestion des communs naturels à l’échelle locale, décrits dans son ouvrage de 1990 en anglais « Governing the Commons : The Evolution of Institutions for Collective Action ». Résumé en français notamment ici http://www.sietmanagement.fr/wp-content/uploads/2016/04/ostrom_fiche_lecture1.pdf

-Enquête approfondie de la journaliste Inès Léraud sur les acteurs (agricoles et puissance publique) liés aux jeux d’influence autour des algues vertes en Bretagne relatée sous forme de bande dessinée « Algues vertes, l’histoire interdite » parue aux éditions Delcourt en juin 2019

-Reportage sur la télévision locale ViaVosges TV présentant la SCIC solaire « L’horizon De Mains ». Lien video : https://www.viavosges.tv/info/info/Horizon-mains-fhhIJdGDxW.html