Comprendre les enjeux de l'agriculture

En 2020, la Tunisie a exporté plus de 300 000 tonnes d’huile d’olive, dont certaines productions ont été primées à l’international, faisant du pays une référence.

A ce jour, la Tunisie détient la plus grande surface oléicole certifiée bio au monde.

Chaque fin d’été, des femmes entament la récolte des olives à l’aide de grandes échelles en bois. Longtemps cantonnées à la cueillette et sous-payées, ces femmes ont décidé elles aussi de tirer profit des oliveraies bio en plein essor.

Elles se lancent seules ou en Groupements de développement agricole (GDA), des structures reconnues d’utilité publique pour la gestion de certaines ressources tunisiennes.

Ecocert, détenteur du label bio éponyme, constate que 10% des demandes de certification proviennent de femmes en GDA.  Imen Jaouadi, directrice d’Ecocert Tunisie, indique que ce chiffre est important car derrière un groupement GDA demandeur, il y a potentiellement plusieurs productrices.

Le succès de quelques pionnières motive les tunisiennes rurales ou citadines à tenter l’aventure, comme Sélima et Afet Ben Hamouda qui ont repris la ferme familiale située au nord du pays : une oliveraie de 1 500 unités qu’elles ont étendues avec la plantation d’arbequinas, une variété catalane et de sayalis, une variété tunisienne au rendement élevé.

La construction de leur propre huilerie leur confère une plus grande maîtrise de la chaîne de production. Les premières bouteilles sont primées à Londres, New-York et Tokyo et la production, initialement accessoire, dépasse les 6 tonnes en 2020.

Cette réussite est aussi le fruit d’une Tunisie avant-gardiste qui, dès 1999, pose les règles d’une agriculture bio avec une politique d’accompagnement : cahiers des charges, masters spécialisés, subventions à la certification… Le bilan est là : 15% de la production est bio.

Les femmes sont présentes de la cueillette au pilotage de grandes marques, en passant par l’expertise agronomique. Moins exportatrices que les hommes, elles animent plus activement la filière en proposant une éducation au goût, des festivals ou des initiatives gastronomiques.

Cette synergie se retrouve dans la nouvelle organisation américaine Women in Olive Oil, avec ses 40 antennes à travers le monde et déjà 44 productrices tunisiennes adhérentes et sensibilisées à la cause bio. La responsable tunisienne, Imène Trabelsi, professeure des universités et docteure en marketing agroalimentaire, explique que la valeur ajoutée est le pilier du développement. Cela implique une maîtrise de toute la chaîne, de la production à l’image de marque.

Les compétences sont à développer, notamment sur :

  • Le marketing ;
  • Les circuits de valorisation des déchets ;
  • L’intégration des nouvelles technologies agricoles ;
  • Les produits dérivés ;
  • L’agrotourisme…

Au développement bio, s’ajoute enfin la question du commerce équitable afin que toutes les petites mains du secteur vivent dignement de l’exploitation de l’olive.

La certification bio est une première reconnaissance du travail des femmes entrepreneuses mais pour celles qui sont ouvrières dans des exploitations, le revenu n’est pas à la hauteur des efforts produits.

Source : Le Monde