Alors que la production mondiale de lait devrait croître rapidement (plus 15 millions de tonnes par an), les échanges commerciaux de produits laitiers, eux, progresseront proportionnellement moins vite (+1 million de tonnes par an). Les surplus seront consommés dans les pays producteurs. L’Union européenne sera le moteur de cette croissance.
Le marché mondial des poudres de lait maigre est assaini. Les stocks européens en ont été écoulés. La demande mondiale de produits laitiers progresse. La campagne laitière 2019-2020 a donc démarré sous bons auspices. Les prix couvrent, dans l’Union européenne en particulier, les coûts de production.
La croissance mondiale de la production et de la consommation de lait et de produits laitiers devrait rester vive au cours des dix prochaines années. La consommation de produits transformés devrait se développer au détriment de la consommation de lait brut. En 2030, la planète produirait jusqu’à 1 milliard de tonnes de lait, selon une étude de la Commission européenne (1) présentée par Sophie Hélaine de la direction générale de l’Agriculture.
Au cours des douze prochaines années, l’Inde sera toujours le premier pays producteur mondial de lait. Estimée à 167 millions tonnes (Mt) en 2018, sa production croîtrait de plus de 6 Mt par an, soit 40 % de la hausse annuelle de la production mondiale (15 Mt). Elle distancera alors l’Union européenne qui ne produirait que 182 Mt d’ici 12 ans, soit 16 Mt de plus qu’en 2018.
L’Afrique importera l’équivalent de 20% de sa consommation
L’Afrique sera le troisième moteur de la production mondiale de lait (73 Mt en 2030). Pour autant, les quantités produites ne seront pas suffisantes pour répondre aux besoins des consommateurs africains. La croissance démographique du continent restera forte (+ 2,4 % par an) et les habitudes alimentaires des Africains s’occidentalisent.
Le continent africain importera 13 millions de tonnes équivalent lait (Mtel), soit l’équivalent de 20% de sa consommation. Ses importations représenteront 19% des parts de marché mondial (+ 4 points en douze ans) alors que les autres régions importatrices de la planète (la Chine et l’ensemble des pays asiatiques notamment) auront réduit leur dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs. Leur production augmentera davantage au rythme de leur demande intérieure.
Pour autant, l’Empire du milieu restera le premier pays importateur mondial de produits laitiers (16 % des quantités échangées). Sa production n’augmenterait que de 650 000 t de plus de lait par an au cours des douze prochaines années. Elle atteindrait alors 38 Mt.
Contrairement à ce que l’on observait auparavant, la hausse de la production mondiale de lait couvrira d’abord l’augmentation de la demande intérieure de chacun des pays producteurs. Les échanges mondiaux ne croitraient que d’un million de tonnes par an contre 1,7 Mt actuellement.
L’Union européenne couvrira 35% de la demande supplémentaire mondiale
Ni la Nouvelle-Zélande, ni les Etats-Unis, ne seront en mesure de rivaliser comme par le passé avec l’Union européenne. Ils ne seront plus des acteurs majeurs des marchés mondiaux de produits laitiers comme par le passé.
Les contraintes foncières handicapent l’essor de la filière laitière néozélandaise. Davantage d’aliments seront importés pour nourrir les vaches. La croissance de la production n’excèderait pas 0,4 Mt par an.
Aux Etats-Unis (98,7 Mt en 2017), la production supplémentaire de lait (0,7 Mt/an) serait absorbée par le marché intérieur. Par ailleurs la production de lait se déplacera vers les États les moins affectés par des périodes de sécheresse et de canicule.
Dans le même temps, la consommation européenne baissera. Aussi, la production excédentaire des éleveurs des pays membres de l’Union européenne (jusqu’à 1,3 Mt/an en moyenne) sera-t-elle transformée en poudres mais surtout en beurre et en fromages (40 % des ventes mondiales) destinés à être exportés vers les pays tiers.
L’Union européenne couvrira jusqu’à 35 % de la demande supplémentaire des pays importateurs. Le continent africain, et l’Algérie en particulier, importeront massivement de la poudre européenne de lait.
Quant à la Russie, elle importera toujours en 2030 de grandes quantités de produits laitiers malgré la politique de relance de la production intérieure depuis l’embargo décrété, en 2014, par les pays occidentaux. La Biélorussie restera son principal pays fournisseur. Pour autant, ses achats seront moins importants qu’alors. Ils représentaient 4,3 mtel en 2013.
1 Biographie de Frédéric Hénin
Frédéric Hénin1
Frédéric Hénin est journaliste Agricole
Il a notamment été enseignant agricole en sciences économiques, gestion et droit rural puis ingénieur-conseil en centre de gestion. Après neuf ans de journalisme économique à La France Agricole, il a rejoint Terre-net Média en 2008, comme chef de rubrique “politique agricole et économie-gestion” puis rédacteur en chef.