Les agriculteurs s’inquiètent du coût croissant des engrais qui met en péril leur capacité à s’approvisionner en intrants et à produire suffisamment. La plupart d’entre eux n’ont pas constitué de stock dans l’espoir d’une baisse des prix qui ne s’est jamais produite. Aujourd’hui, ils doivent acheter au tarif fort leurs intrants, notamment l’engrais azoté.
Dans l’ouest parisien, les céréaliers devaient débourser 165 euros la tonne pour cet engrais. Aujourd’hui, il leur en coûte 550 euros la tonne, plus de trois fois le prix initial.
La hausse est en partie due à l’hydrogène utilisé dans la fabrication des fertilisants azotés, celui-ci provenant du gaz naturel dont le prix a considérablement augmenté. Une tendance qui se renforce avec le basculement progressif de la Chine vers une production plus verte de l’urée, à partir de gaz naturel. A cette hausse, vient se greffer la hausse du coût des transports.
Le report volontaire des commandes risque de concentrer la demande sur une courte période, risquant de créer une pénurie. Elle est déjà effective. Les distributeurs d’engrais affirment qu’ils ne reçoivent que 20 à 30% des commandes antérieures.
Les céréaliers français estiment que le surcoût induit par ce renchérissement des engrais pourrait atteindre 4 milliards d’euros. Ils craignent que cette situation ne modifie les prochaines saisons agricoles, engendrant une transition vers le tournesol et l’orge, qui nécessitent moins d’azote.
Il existe aussi des alternatives comme l’azote organique, présent dans les fientes de volaille par exemple, ou la culture de luzerne favorable à la fixation d’azote dans les sols. Ces alternatives ne peuvent couvrir que partiellement les besoins globaux en engrais azotés.
En France, dans le département de l’Essonne, les céréaliers expérimentent les fertilisants issus de matières organiques recyclées comme l’azote et le phosphore extraits de l’urine.
Source : Le progrès