Né en 2017, le projet mené par la start-up avignonnaise Biomimetic consiste à optimiser l’élevage de mouches soldat noires pour produire des fertilisants et de l’alimentation animale.
Dans un laboratoire de Tours, les scientifiques prélèvent des œufs pondus par ces mouches, les placent sur un support alimentaire fait de fourrage et suivent leur croissance jusqu’à leur récolte comme matière première, ils font alors 2,5cm.
Face à la raréfaction des ressources, l’élevage d’insectes est considéré comme une piste écologique pour assurer la sécurité alimentaire selon la FAO. L’objectif de l’Institut de Recherche sur la Biologie de l’Insecte de Tours (IRBI) est de mettre au point les conditions idéales de lumière, de température, d’humidité, de densité et de nutrition pour obtenir un élevage à haut rendement.
Dénommée entomophagie, la consommation d’insectes par l’homme concerne deux milliards d’individus mais l’obstacle culturel existe, chez les Européens par exemple. Le bilan nutritionnel plaide pourtant en sa faveur : les insectes apportent protéine, acides aminés, acides gras mono et polyinsaturés et micronutriments.
Il ne s’agit pas d’inventer l’insecte apéritif, mais plutôt de proposer cette source de protéine comme un substitut à la viande, en l’incorporant dans des steaks. La société Essento commercialise depuis 2017 un steak à base de vers de farine, riz et légumes.
L’élevage d’insectes dispose d’un atout important, sa capacité à convertir l’alimentation animale en masse corporelle : le kilo d’insectes produit nécessite seulement deux kilos d’aliments contre cinq kilos pour la viande de porc.
Les travaux menés par plusieurs laboratoires dont AgroParisTech, INRA, CEA, CNRS… accompagnés des entreprises Ynsect et IPV Food, démontrent que la farine d’insectes consomme moins de ressources que la farine de poisson mais produit plus de GES et accapare plus de surfaces.
Il faut améliorer le rendement de l’élevage d’insectes par une plus grande automatisation. Le cycle d’élevage est court avec des surveillances fréquentes liées aux conditions d’environnement telles que la température, l’humidité…
Mais la filière est récente et ne maîtrise pas encore les risques liés à l’élevage intensif. La société hollandaise Kreca a connu dans son élevage de grillons, une épidémie virale qui a décimé la population en une dizaine d’heures.
Cultures, animaux ou insectes, l’élevage intensif tend à homogénéiser des individus en situation de promiscuité et facilite la propagation d’épidémie. Sans compter que tout élevage doit aussi répondre aux principes de bien-être animal, un challenge dans la mesure où les études portent principalement sur les vertébrés. Des scientifiques ont toutefois déjà observé des comportements cannibales chez les insectes soumis à une grande promiscuité.
Méconnaissance des insectes et inexpérience de l’élevage intensif réservent donc encore des surprises aux scientifiques et acteurs de cette filière naissante.
Source : Le Monde