Comprendre les enjeux de l'agriculture
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En langage courant et concrètement, on pourrait dire que la bio économie vise à créer de la valeur à partir de la photosynthèse. Elle cherche à valoriser la biomasse pour les usages du quotidien dans nos sociétés modernes, l’alimentation bien sûr mais également des usages industriels ou du recyclage. Ainsi des coproduits de l’agriculture deviennent de plus en plus une matière première renouvelable pour l’industrie notamment dans les secteurs de l’énergie, la chimie, la construction…

Finalement cette approche, très à la mode de la bio économie, modernise une dimension très ancienne de l’agriculture remontant à la période d’autarcie des campagnes. Avant le développement du commerce à grande échelle, dans les territoires, l’agriculture produisait non seulement l’alimentation mais aussi l’énergie nécessaire à la vie domestique et à la force motrice. Elle élevait des chevaux pour la traction et cultivait des céréales pour les nourrir.  Elle fournissait également une partie importante des matériaux nécessaires à l’activité artisanale ou industrielle. Par exemple le lin, le chanvre, la soie, la laine pour l’industrie textile, la graisse ou les huiles pour l’industrie chimique. Il en allait de même pour une partie des matériaux de construction (bois, paille …).

Cette nouvelle approche d’une réalité ancestrale établit en quelque sorte la liaison, la connexion entre l’agriculture, la forêt, la mer et l’industrie. La commission européenne a ainsi pu dire «la bio économie peut produire du combustible à partir d’algues, recycler les plastiques, transformer des déchets en mobilier ou en vêtements neufs, élaborer des engrais biologiques à partir de sous-produits industriels ».

Dans la notion de bio-économie il y a de manière prégnante la notion de système, de cycle, de globalité, de transversalité, de recyclage. C’est également une approche dynamique. On est dans l’idée de l’économie circulaire. S’intéresser à la bio économie revient en effet à étudier les chaînes de valeur directement ou indirectement liées la photosynthèse pour en augmenter l’efficacité. Cela passera souvent par le développement d’hybridations, de synergies entre ses chaînes de valeur et donc au final par des efforts pour fluidifier leurs interrelations. On perçoit assez rapidement, derrière ces interrogations qui intègrent une forte dimension transversale, la notion de territoire. Sans être directement relié au concept de bio économie, il en constitue à la fois un support physique et relationnel. Le territoire constitue donc un formidable accélérateur potentiel de la bio-économie, la dimension locale étant consubstantielle de la circularité économique. On retrouve d’ailleurs souvent des clusters, des écosystèmes entrepreneuriaux construits autour de ces idées.

On a donc affaire à un concept très global. Il dessine une économie durable car utilisant les ressources de la biomasse, autrement dit une matière issue de la photosynthèse. C’est par nature une économie renouvelable et vertueuse pour l’environnement dans la mesure où elle est produite de manière écologique. Rappelons que la photosynthèse fonctionne selon le principe suivant : grâce à l’énergie lumineuse le chloroplaste capte et transforme le CO2 de l’air en matière organique à base de carbone et rejette de l’oxygène dans l’atmosphère. Au plan biochimique, c’est exactement le cycle inverse de celui de la respiration.

La bio économie constitue donc un ensemble complexe qui met en relation plusieurs systèmes de production : un système primaire de productions agricoles, sylvicoles ou aquacoles, un secteur secondaire de transformation industrielle. A cela s’ajoute sans doute un secteur tertiaire de services d’animation, de mise en relation et de financement. C’est une approche qui décloisonne, crée des relations entre différents secteurs d’activité fonctionnant traditionnellement en silos. Pour une bonne part, les processus de la bio économie font ainsi converger des connaissances de biologie et des sciences de la vie avec de l’ingénierie chimique et biochimique, deux secteurs qui ont longtemps été trop séparés.

Cela se fait en cohérence avec la triple performance économique, sociale, et environnementale du développement durable.

Partant de l’économie du vivant, cette notion d’économie biosourcée ou de bio économie recoupe donc de multiples dimensions dont le point de départ est toujours la photosynthèse donc en grande partie la production agricole. Dans le cycle de la bio-économie circulaire elle intervient dans deux directions opposées. D’un côté l’agriculture permet de recycler certains sous-produits ou déchets industriels (drèches de brasserie, écumes de sucrerie, déchets verts, gadoues urbaines …). A l’inverse l’industrie pourra utiliser des produits de l’agriculture. Cela concerne l’énergie notamment le biogaz. On considère aujourd’hui en France que la bio énergie représente la moitié des énergies renouvelables. Il y a aussi tout le secteur des matériaux bio-sourcés et de la chimie verte, ces éléments chimiques, ces molécules issus de la biomasse. Elles ont souvent des caractéristiques physico-chimiques particulières d’un grand intérêt pour certaines industries (fleurs pour la parfumerie mais aussi chanvre pour l’isolation, féculerie, amidonnerie, bioplastiques…). Cela peut également concerner des coproduits tels que les résidus animaux brulés et utilisés en cimenterie.

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