Comprendre les enjeux de l'agriculture

2- Les travaux de recherche agronomique pour faciliter la production d’une biomasse « verte »

  1. Ils vont sans doute porter sur faire avancer nos connaissances sur l’augmentation de la diversité dans les systèmes culturaux
  2. la recherche de nouvelles cultures optimisant la production de biomasse notamment celle adaptée à la production d’énergie, à la chimie verte, à la production de protéines pur l’alimentation humaine.
  3. On travaillera également à mieux connaître les différents microbiotes (plantes- animaux- humains) dans le cadre du nouveau concept « une seule santé.
  4. Concernant la fertilisation des cultures il y a toujours des espoirs pour arriver à généraliser la fixation biologique de l’azote atmosphérique comme le font les légumineuses.     
  5. Au niveau des productions animales l’évolution génétique associée à des recherches sur les techniques d’alimentation permettront sans doute d’améliorer la qualité nutritionnelle comme la teneur en oméga trois par exemple.
  6. Plus globalement on cherchera à agir sur la composition chimique des produits (lait, céréales, viandes …) pour la nutrition mais aussi pour les usages chimiques et industriels. On cherchera à augmenter la teneur en certaines molécules particulièrement recherchées par l’industrie : chimie verte, cosmétique, composants alimentaires.…
  7. On investira également pour réduire l’impact environnemental des organismes vivants eux-mêmes. Pour les ruminants nous saurons sans doute à l’avenir diminuer les rejets de méthane entérique.
  8. L’approche du microbiote de la plante, récemment développée, permettra d’optimiser « de manière personnalisée » les relations de la plante avec son environnement, d’améliorer sa protection naturelle et donc d’augmenter l’efficacité globale des écosystèmes cultivés en production de bio masse « verte ».
  9. Une autre voie de recherche importante relative aux effets du changement climatique est une meilleure connaissance de la rhizosphère, cette couche du sol colonisée par les racines. Elle est le lieu de multiples interactions, encore mal connues, plantes-microorganismes-minéraux qui vont sans doute évoluer sous l’effet du changement climatique (gradient de température, d’humidité).

Un enjeu pour la gestion stratégique de l’exploitation agricole

Se poser la question de la place de l’agriculture dans la bio économie revient à regarder l’agriculture dans ses trois dimensions de durabilité mais également à s’interroger sur l’articulation de l’agriculture avec le reste de l’économie et par la même de son intégration dans la société. Dans ce cadre l’agriculture doit bien sûr être abordée comme un secteur économique global. Mais nous devons surtout considérer l’ensemble des acteurs économiques individuels que sont les agricultrices et les agriculteurs. Nous devons donc nous interroger sur la façon dont chaque agriculteur intégrera cette dimension nouvelle dans la gestion de son entreprise agricole.

La bio économie, ainsi que le mouvement vers une agriculture plus durable, vont presque certainement conduire à une complexification des systèmes agricoles. Dans un souci d’efficacité à court terme la tendance depuis le lendemain de la dernière guerre avait été la simplification. Cela s’est souvent traduit par une spécialisation technique au niveau des exploitations conduisant à une concentration des bassins de production dans un nombre restreint de filière. A contrario, un des leviers importants pour l’avenir est aujourd’hui la diversification des productions, soit un virage à 180°. Cela permet un allongement des successions culturales. On commence même aujourd’hui à implanter plusieurs cultures sur une même parcelle, une même campagne. Cette diversité culturale facilite la maîtrise des bio agresseurs tout en étant favorable au développement de la biodiversité. Cette complexité croissante au niveau de l’exploitation agricole va se prolonger au niveau des entreprises qui achètent leurs productions aux agriculteurs. Celles-ci vont effet devoir gérer des flux logistiques plus compliqués à cause de la multiplication des productions dont certaines en petits volumes. Le développement des cultures mélangées va nécessiter un tri à la réception dans l’industrie.

Des réflexions sont également en cours sur l’intérêt de reconnecter la culture et l’élevage avec le concept de polyculture élevage de territoire. Entendez par là des exploitations spécialisées en culture et d’autres en élevages qui travaillent ensemble. Ce peut être par exemple la fourniture de fourrages en échange de fumier, le pâturage par le troupeau de l’éleveur des inter-cultures du cultivateur, le pâturage par le troupeau de l’éleveur de l’inter rang des vignes du viticulteur à certaines périodes favorables de l’année. Sans revenir aux droits ancestraux de vaine pâture, il existe depuis quelques années des démarches pionnières, des expérimentations dans ce sens et les premiers résultats sont encourageants.

Par ailleurs, la démarche bio économie conduit sans nul doute à donner à la gestion de l’entreprise agricole une perspective à long terme et non plus uniquement annuelle ou même triennale. Le but recherché ne sera plus forcément l’optimisation maximale d’un seul critère. La mesure de la performance deviendra de plus en plus multi critères et sera donc de plus en plus complexe à concevoir. D’un côté elle devra comment aujourd’hui dégager un résultat économique permettant au chef d’entreprise de vivre et à l’entreprise de perdurer. Mais on évaluera également, par exemple, ses effets sur la biodiversité ou la capture du carbone dans les sols. La performance sera donc mesurée sur une échelle beaucoup large que le strict cadre de l’entreprise. Elle sera, en outre, de plus en plus dépendante du contexte local, par exemple la proximité d’une ville à alimenter par des circuits de proximité ou d’une zone humide remarquable à protéger.

Plus globalement, la dimension systémique de la bio-économie pousse à enrichir le rôle des agriculteurs dans sa dimension territoriale. En effet le caractère durable de l’agriculture et des services environnementaux qu’elle fournit dépend beaucoup de l’échelle géographique considérée. De ce point de vue l’organisation des espaces cultivés et leur articulation avec les chaînes logistiques ont un fort impact sur la durabilité globale de la chaîne de valeur. C’est tout le concept de proximité, d’économie locale. Cela veut dire construire davantage de relations entre les agriculteurs et les autres les acteurs du territoire pour mieux valoriser la biomasse et savoir en saisir toutes les opportunités. C’est aussi chercher davantage d’interactions entre les agriculteurs eux-mêmes par exemple pour mener des projets collectifs de méthanisation. C’est enfin rechercher des synergies entre différents types d’exploitations. Comme nous l’avons évoqué plus haut, ce sera par exemple des associations entre cultivateurs et éleveurs pour optimiser la gestion des écosystèmes, entre légumiers et céréaliers pour allonger les successions culturales par des échanges de parcelles à grande échelle. Il pourrait en être de même entre agriculteurs et sylviculteurs demain pour optimiser un nouveau design territorial.

C’est d’ailleurs en partie pour cela que l’agriculture urbaine ou périurbaine trouve actuellement grâce auprès de nombreux consommateurs et responsables politiques. C’est quelque part une chaine de valeur en miniature sur un territoire complexe et aux contours très visibles.

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