Les « circuits courts », « de la fourchette à l’assiette », « en direct du producteur », tous ces concepts de vente ont le vent en poupe dans la filière agroalimentaire.
La pandémie a motivé les acheteurs à adopter un esprit plus citoyen que consommateur et à s’approvisionner directement sur les lieux de production.
Les agriculteurs sont tentés de proposer directement leurs produits dans l’espoir de mieux vivre de leurs productions. Mais la suppression des intermédiaires et la transaction directe avec le consommateur modifie les modalités d’écoulement des produits.
Si la vente directe permet de compléter des revenus ou de faire connaître un savoir-faire au grand public, elle reste plus aléatoire pour garantir le revenu principal.
- En B to C, il faut toucher une clientèle de particuliers déjà très sollicités par de nombreuses entités de distribution. Il ne s’agit plus de simplement s’engager sur des volumes et un prix serré mais de raconter l’histoire de l’exploitation et d’inviter le client à participer à cette histoire ;
- Il faut une clientèle suffisante et fidèle pour stabiliser les revenus et gérer les stocks face aux demandes aléatoires ;
- Les conditionnements doivent être adaptés avec des quantités plus faibles et un étiquetage réglementaire, ce qui impose transformation et emballage ;
- Les transactions sont multipliées et obligent à proposer des moyens de paiement divers tout en assumant le risque d’impayé.
Toutes ces étapes requièrent des compétences particulières qui ne font pas forcément partie du profil de l’agriculteur.
Mais si les consommateurs ont pris l’habitude du first price, c’est sans doute la preuve d’un désintérêt pour leurs achats alimentaires. Cette reconnexion pourrait revaloriser ces produits aux yeux du consommateur.
On ne peut pas demander aux nouveaux circuits courts, encore à l’état de niches, de produire autant de résultats qu’une distribution massive, rodée depuis plusieurs décennies. Les pouvoirs publics peuvent saisir l’opportunité du contexte actuel pour accompagner les producteurs dans l’organisation d’activités de ventes directes viable, ce que fait le gouvernement français à travers le lancement de sa plateforme fraisetlocal.
Source : Ouest-France