Comprendre les enjeux de l'agriculture

Pour terminer ce panorama, deux certitudes.

Première certitude, les paysans africains ont besoin de semences de qualité et le temps presse pour établir les conditions permettant de relever le défi agricole et alimentaire dans un contexte qui sera durablement marqué par la croissance démographique, les périls du dérèglement climatique et les bouleversements de différentes natures qui ne manqueront pas d’arriver à la suite de la grande pandémie COVID-19 de 2020. Le continent est certes vulnérable mais qui regorge aussi de capacités de résilience face aux risques.

Seconde certitude : les potentialités de la combinaison de l’ingénierie génétique et de l’ingénierie écologiques, associée aussi à l’ingéniosité paysanne, seront importantes pour construire une « agriculture raisonnée » et pour répondre aux enjeux d’une production alimentaire qui devra doubler d’ici 2050 en Afrique. Les plantes biotech, parmi lesquels les plantes GM, ne sont pas une panacée et ne représentent pas la principale solution d’avenir pour l’agriculture continentale. Elles peuvent cependant apporter des réponses techniques pertinentes dans une démarche globale de diversification des pratiques agricoles et de répartition des usages, aux côtés de l’agroécologie, de l’agriculture conventionnelle ou de l’agriculture biologique. La diversité est un gage de durabilité.

Comme le note M. Griffon, la « voie OGM » tend à confier à la plante le rôle principal dans l’adaptation du système productif à l’évolution de l’ensemble des conditions du milieu (photosynthèse, résistance à la sécheresse, à différents types de prédateurs…). Il demeure que parier seulement sur cette responsabilité de la plante laisse de côté les avantages que l’on peut retirer de la maîtrise d’autres facteurs (itinéraires techniques, assolement, eau…) aussi essentielles. L’association de l’ingénierie génétique et de l’ingénierie écologique est sans conteste la voie à poursuivre.

La montée en échelle et la généralisation des bonnes pratiques s’imposeront pour les Etats, sachant que toute pratique nouvelle – biotechnologique ou agroécologique – est toujours et partout une opération complexe. Le temps joue un rôle considérable dans la diffusion des techniques nouvelles : temps d’expérimentation, d’apprentissage, de propagation, d’évaluation. Non pas rétifs à l’innovation mais prudents, les agriculteurs sont d’autant plus sensibles aux thèmes techniques de production et de conservation des ressources que ces thèmes peuvent entraîner une augmentation tangible des revenus et une amélioration significative de leurs conditions de vie.

Pierre Jacquemot

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