Comprendre les enjeux de l'agriculture
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Avec plus de 240 millions d’hectares de couvert forestier, l’Afrique abrite dans sa partie centrale la deuxième plus grande forêt tropicale au monde, après l’Amazonie et avant la Papouasie-Nouvelle Guinée. La déforestation est un processus qui s’inscrit dans la longue durée, avec une accélération depuis les années 1990. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO, la forêt humide ne couvrirait en Afrique que 37 % de son hypothétique superficie « initiale ». Le sort de la forêt africaine est un enjeu pour l’environnement mondial. Ainsi les tourbières qui couvrent 145,000 km2 d’un espace marécageux à cheval entre le Congo-Brazzaville et la RDC, soit une zone un peu plus grande que l’Angleterre. Ces tourbières stockent environ trente milliards de tonnes de carbone. Cela représente autant de carbone que les émissions d’énergie fossile de toute l’humanité sur trois ans, selon les experts. L’exploitation durable des forêts est un enjeu vital. On estime qu’un tiers des forêts mondiales dites de production sont certifiées « bonne gestion ». Mais seulement moins de 2 % des forêts tropicales mondiales le sont.

La diversité des situations doit toutefois être prise en considération. Le taux annuel de déboisement serait de 0,4 à 0,6 % en Afrique centrale et la forêt recouvrirait encore plus de la moitié de sa surface initiale. Les pays du bassin du Congo sont toujours à la première étape de la transition forestière, avec un profil CEFD (couverture forestière élevée-faible déforestation) sans menace irrémédiable.

En revanche la déforestation dépasse 2 % par an en Afrique occidentale, la forêt ayant perdu 85 % de sa superficie initiale. Les pays arrivés à la deuxième ou troisième étape de la transition, celle d’un couvert forestier étriqué ou pire fortement menacé, tels que la majeure partie de l’Afrique occidentale et australe, ont de vastes tranches de forêt présentant de forts taux de déforestation, dus principalement à l’expansion des terres arables et des pâturages et aux coupes pour la fourniture de bois-énergie.

L’inquiétude est donc justifiée. Globalement, la déforestation africaine est celle qui progresse le plus rapidement dans le monde, à un rythme de loin supérieur à celle de la forêt amazonienne. L’évaluation des ressources forestières mondiales par la FAO révèle une perte annuelle d’environ 3,1 millions d’hectares de forêts naturelles en Afrique au cours des cinq dernières années.

On sait que les pertes de forêts constituent une source importante d’émissions de gaz à effet de serre. Les arbres sont des puits de carbone. Les forêts en croissance captent d’importantes quantités de CO² dans leur biomasse, en l’air comme dans leur litière, et dans le sol, dans leurs racines. Si un déboisement est effectué, alors les forêts émettent des gaz à effet de serre, par la combustion ou la décomposition du carbone qu’elles avaient antérieurement séquestré. La déforestation est également à la source d’importantes pertes de biodiversité, ainsi que la cause de perturbations environnementales, comme l’érosion des sols et la dégradation de fertilité, la désertification et les modifications locales du climat. Les sols s’érodant avec la déforestation, les arbres ne maintiennent plus le taux d’humidité dans l’atmosphère et impactent l’intensité et la fréquence des pluies. La concentration de la biodiversité est de moins en moins bien assurée par l’habitat qu’offrent les forêts à diverses espèces de la faune et de la flore. Le thème de la déforestation tropicale pose enfin la question plus générale du développement économique des pays concernés.

Pour cet ensemble de raisons, la déforestation est devenue un sujet de préoccupation environnementale majeure pour l’Afrique, mais aussi pour la planète.

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