Comprendre les enjeux de l'agriculture

2. La ferme connectée

Rien, ou presque, ne peut plus se passer dans une ferme connectée sans que le fermier ne l’apprenne en temps réel. L’ état des vergers, des troupeaux des céréales est connu en temps réel. Les nuisances sont détectées et traitées à temps. Les besoins hydriques et en intrants sont distribués avec précision. Stations météorologiques, capteurs surveillent l’état des sols et des troupeaux, les robots assurent la traite. La couverture numérique est au cœur de la ferme connectée.

La généralisation du numérique à l’agriculture exige le déploiement à l’échelle planétaire du réseau spot, filaire ou nomade. Il va de soi que la couverture dépend de la densité de la population et reproduit aussi, hélas, les inégalités économiques. Mais retenons, en gros, qu’en matière agricole, le réseau de téléphonie mobile et internet nomade et les réseaux très bas débit pour remonter les données des capteurs sont largement suffisants, en Europe du moins.

Le smartphone est le support par excellence de connaissance de la nature des sols et outils d’aide à la décision (OAD). C’est lui qui contient toutes les applications nécessaires au suivi des récoltes comme à l’état des marchés. Certaines de ces applications sont payantes, d’autres sont gratuites.

Les capteurs : ils sondent le sol, donnent son Ph en mesurent la température et fournissent les données météorologiques. Ils envoient toutes ces informations sur le smartphone de l’exploitant ou aux serveurs des grandes exploitants gérés par des ingénieurs. à l’ordinateur de l’exploitant.

Le système de guidage pour machines, qui peuvent être auto-guidées par des balises reliées à un satellite ; elles labourent, fauchent ou moissonnent seules.

Le tracteur auto-piloté essentiellement utilisé en maraîchage et pour les travaux sous serre.

Les drones, sont avant tout des porteurs de capteurs-émetteurs de données. Selon la MIT Technologie Review les drones agricoles, outils relativement bon marché, grâce à leurs capteurs avancés et à leurs technologies d’imageries qui informent sur la santé de la plante, donnent aux agriculteurs de nouvelles façon d’accroitre les rendements, de réduire les dommages causés aux cultures et de diminuer l’impact sur l’environnement. Le drone permet de monitorer de près les plantes, d’en cartographier les parcelles et d’en mesurer les besoins en eau ou nutriments.

Le drone tend à devenir le « roi » de l’agriculture digitale parce qu’il se défait peu à peu des contraintes liées à son environnement technologique. On a vu récemment apparaître des drones, affranchis d’internet, fournir, en quelques minutes des informations aussi précieuses que celles de leurs équivalents ultra-connectés.

Les systèmes de cartographie par satellite poursuivent les mêmes objectifs et obtiennent des résultats similaires, avec des informations plus ou moins précises selon les cultures.

La robotique convient parfaitement à l’agriculture, métier s’il en est, dont les taches sont astreignantes, pénibles et répétitives. La vente de robots en agriculture ne cesse de se développer dans de nombreux secteurs, dont celui de la traite qui représente 86% du marché. Le robot-vacher assure seul l’alimentation du bétail et effectue lui-même le mélange des rations. Le robot à traire reconnaît de lui-même les vaches grâce à leurs puces, lui fournit sa ration alimentaire personnalisée et installe les trayeuses. La robotisation n’épargne pas les porcheries.

En gros, l’immense masse de données générée par une smart farm concernent (Younes Essaid,OCP) :

1. les sources de données structurées :

  • météo
  • échantillon du sol
  • préparation du terrain
  • données de moisson
  • planning de moisson
  • données de marché
  • données transport et logistique

2. l’internet des objets et données machines :

  • monitoring des rendements
  • données des moissons
  • cartes d’application des engrais et phytosanitaires
  • profondeur du sol
  • données télématiques

3. Données géospatiales :

  • Délimitations des parcelles
  • Imagerie aérienne
  • Elévation/profondeur du sol
  • Corrélations spatiales

En France, l’utilisation des applications professionnelles agricoles sur smartphones a bondi de 110 % entre 2013 et 2015. La taille du marché des services numériques pour une agriculture de précision (systèmes de guidage, télédétection, logiciels de gestion…) devrait augmenter de 12 % par an dans les prochaines années pour atteindre 4,55 milliards de dollars en 2020 selon une étude de Markets and Markets. Il existe désormais une quantité énorme de logiciels, d’applications mobiles, de sites internet. Citons, parmi les plateformes d’applications les plus abouties dans le monde, The Climate Corporation.

Le numérique est d’ores et déjà une réalité économique. Selon Renaissance numérique il existe désormais 400 applications destinées aux éleveurs, 2,5 million d’hectares de rizières sont parcourus par 2500 drones au Japon, 150.000 agriculteurs des pays émergents utilisent déjà un service d’aide à la décision téléphonique tandis que la baisse de l’utilisation des intrants par les vignerons espagnols est estimée à 20%.

S’agissant de la France seule, le montant des investissements liés à l’agriculture numérique a triplé entre 1980 et 2014.

Le Monde 3 mars 2016 donne des précisions intéressantes sur le coût des  investissements :

  • Le guidage pour machines coûte entre 9 et 20 000 euros suivant la précision et le nombre des balises
  • Un sondeur-analyseur de sol se vend 1 250 euros plus 450 euros/an pour la connectivité avec le bureau de l’éleveur
  • Le drone agricole avec le pack capteur-logiciel-formation coûte 28 000
    euros.

Si les coûts sont élevés, chacun peut commencer par s’initier à moindre frais grâce à des applications gratuites et des capteurs qui lui permettront, dans un premier temps de mieux connaître l’état de ses sols.

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