Les propositions de construire une filière agroalimentaire plus raisonnée sont souvent associées à un risque d’insécurité alimentaire pour les pays émergents ou à une privation pour les pays développés.
Accompagner les consommateurs et les producteurs vers l’acceptation d’un autre système de production et de consommation des denrées alimentaires passe par la révision de nos politiques publiques pour sortir ce système de l’impasse dans laquelle il se trouve.
Dans la baie de Saint-Brieuc, en France, Dominique Madec, éleveur laitier labellisé bio, tire son revenu des marges plus que des volumes. Il produit aussi, en petites quantités, maïs et céréales pour ses propres besoins. Il reconnaît l’insoutenabilité de l’élevage intensif et constate l’impact de l’homme sur le changement climatique, notamment avec le phénomène des algues vertes.
Côté consommateur, l’objectif de sobriété renvoie à une notion de restriction dans les choix et la disponibilité des denrées, selon Mathias Ginet, auteur d’une étude sur la transition agricole et la souveraineté alimentaire. Cette étude a conduit le think tank Terra Nova à proposer diverses pistes, en voici quelques-unes :
- Communiquer aux consommateurs l’impact de leur achats sur le climat et la biodiversité ;
- Mobiliser des acteurs légitimes (médecins, chefs…) dans la communication nutritionelle ;
- Cibler des denrées spécifiques pouvant bénéficier d’une aide alimentaire dédiée ;
- Changer la culture alimentaire en intervenant au niveau de la restauration scolaire ;
- Stimuler l’innovation sur le sujet de l’agroécologie et lui donner une visibilité publique ;
- Placer les questions environnementales et sociales dans les négociations sur les accords de libre-échange.
Toutes ces pistes privilégient l’établissement de politiques préventives et non la réparation financière par taxation ou investissement vert compensateur.
Si on parle de production et de consommation, il ne s’agit pas de « se priver » mais de « choisir ». Pour cela, les politiques publiques doivent créer un écosystème favorable. Les consommateurs doivent avoir l’opportunité de faire le choix de consommer différemment.
La sobriété n’est qu’un élément de la transition du système agroalimentaire mais elle a le mérite d’être plus lisible par les consommateurs que le terme « durable » qui englobe de nombreux aspects tels que l’humain, le climat ou la biodiversité.
Source : Le Monde