Le concept de bioéconomie englobe les activités de production et de transformation de la biomasse , qu’elle soit d’origine végétale, animale ou microbienne à des fins alimentaires, industrielles ou énergétiques. Elle utilise les ressources biologiques de manière durable pour créer de nombreux produits ou services et réduit notre dépendance aux énergies fossiles, contribuant ainsi à la lutte contre le changement climatique. Il existe trois ressources de biomasse : matériaux de biomasse comestibles, les ressource de biomasse non comestibles (matériaux lignocellulosiques) et la bioénergie et bioproduits (algues principalement) Le rapport 2024 des Nations-Unies Global Bioeconomy Assessment se « concentre, selon ses auteurs, sur la bioénergie, les produits chimiques biosourcés, les plastiques biosourcés et les matériaux macromoléculaires biosourcés (textiles et papier) dans la conversion technique, en mettant en évidence les ressources, les itinéraires techniques dominants, les défis et les perspectives ».
Les produits biosourcés peuvent être divisés en cinq catégories : énergie, matières premières, aliments pour animaux, matériaux de base et engrais.L’utilisation de l’énergie est le mode le plus universel. L’énergie de la biomasse comprend les combustibles solides (bois, déchets organiques…), les combustibles liquides ( huiles végétales, bioéthanol, biodiesel…) et les combustibles gazeux (biogaz, gaz de synthèse).
Il existe également de nombreuses façons d’utiliser les matières premières biosourcées , tels que les produits chimiques biosourcés (solvants, lubrifiants), les plastiques et les matériaux macromoléculaires (polymères naturels). Le rapport des Nations-Unies se concentre sur la bioénergie, les produits chimiques biosourcés, les plastiques biosourcés et les matériaux macromoléculaires biosourcés (textiles et papier) en mettant en évidence les ressources, les process techniques dominants, les défis et les perspectives.
Stratégies nationales
Pour promouvoir la bioéconomie, de nombreux pays ont mis en avant différentes stratégies. Tout au long de l’histoire, les États-Unis d’Amérique (USA) ont joué un rôle de premier plan dans la stratégie et la politique bioéconomiques. En1999 , y est publié le décret 13134, intitulé « Developing and Promoting Biobased Products and Bioenergy » (développement et promotion des produits d’origine biologique et de la bioénergie). Dans la foulée, l’Union européenne (UE) a rapidement publié des documents clés en 2005, 2007 et 2010, notamment « Bioeconomy in Europe : Réalisations et défis ». Ont suivi la stratégie de l’UE en matière de bioéconomie en 2018 et le « Green Deal » européen en 2019. Les pays en développement ont rejoint ce mouvement. En 2013, la Malaisie a lancé son « programme de transformation de la bioéconomie », reconnaissant ainsi l’importance stratégique de la bioéconomie dans les pays asiatiques en développement. La Chine a fait progresser le développement de la bioéconomie grâce à des plans quinquennaux et des politiques spécifiques sur le renouvelable et l’utilisation de matériaux non alimentaires. Au cours de la même période, l’Afrique du Sud a dévoilé sa « stratégie en matière de bioéconomie ». Plus de 30 pays ont élaboré des politiques bioéconomiques pour des secteurs ou des domaines spécifiques.
Incidence de la bioéconomie sur la qualité des sols et la biodiversité
La bioéconomie, qui repose sur le développement durable des ressources biologiques, a une incidence sur les modes d’utilisation des sols et sur la biodiversité. La demande de produits d’origine biologique et de biocarburants modifie les pratiques d’utilisation des sols, car ils peuvent entrer en concurrence avec la production alimentaire et affecter les écosystèmes naturels.
Pour garantir la durabilité, sont nécessaires des pratiques durables, des cadres réglementaires et une planification minutieuse de l’utilisation des terres. Des mesures visant à atténuer les effets négatifs sur la biodiversité devraient être prises, telles qu’une planification responsable des terres et des pesticides respectueux de l’environnement.
La bioéconomie peut avoir des effets négatifs sur la biodiversité et la qualité des sols si elle n’est pas gérée de manière responsable. En matière de biodivesité, eLes lle peut provoquer la destruction des habitas naturels tels que les forêts, les zones humides ou les prairies. Les monocultures de plantes énergétiques ou de matières premières pour l’industrie sont moins diversifiées et donc plus vulnérables aux maladies et aux ravageurs. La production de biomasse peut nécessiter l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques qui peuvent polluer les sols et les eaux et donc avoir des effets négatifs sur la faune et la flore.
Concernant la qualité des sols, la bioéconomie peut en provoquer l’érosion du fait de l’introduction de plantes exotiques ou de pratiques non durables. L’utilisation intensive des sols pour la production de biomasse peut entraîner une diminution de la matière organique ce qui réduit la fertilité des sols et leur capacité à stocker le carbone. L’utlisation de pesticides et d’engrais peut polluer les sols. Enfin, l’irrigation de certaines cultures est une des causes de la salinisation des sols.
Pour une coexistence de la bioéconomie et de la biodiversité
La protection de la biodiversité et la bioéconomie peuvent coexister et offrir des opportunités commerciale si cette dernière est pratiquée de manière durable. Pour parvenir à une bioéconomie durable et à la conservation de la biodiversité, il convient d’adopter des pratiques qui atténuent les effets négatifs du développement économique sur la biodiversité. Il s’agit notamment d’améliorer l’efficacité de l’utilisation des terres, la réduction de l’utilisation d’engrais, la lutte contre la déforestation à grande échelle et de promouvoir d’autres services écosystémiques. En mettant l’accent sur le développement synergique de l’économie et de l’écologie, on peut créer des conditions durables pour la bioéconomie et la survie de l’humanité. Les produits biosourcés et la bioénergie ont l’avantage d’atténuer les effets négatifs du changement climatique dans diverses industries en remplaçant dans l’industrie les matériaux non renouvelables et les combustibles fossiles et en utilisant la biomasse résiduelle.
Les efforts futurs devraient se concentrer sur l’augmentation des bioproduits à longue durée de vie et sur l’utilisation de la biomasse résiduelle afin d’améliorer les avantages pour le climat. La durabilité de la bioéconomie peut être menacée par des risques climatiques à évolution lente. Les événements soudains, tels que les ouragans, les inondations, les sécheresses et les incendies de forêt, ont des conséquences immédiates et graves sur l’agriculture, la sylviculture et la pêche, entraînant une raréfaction des ressources en biomasse. Ils endommagent les infrastructures agricoles et perturbent les écosystèmes. Les effets à évolution lente, tels que les changements dans les régimes de précipitations et la hausse des températures, modifient la croissance des cultures, les saisons de plantation et augmentent les risques de parasites et de maladies. Ils affectent les milieuxquatiques et la croissance des forêts.
Source : United Nations Environment Programme (2024).
Global Bioeconomy Assessment: Coordinated Efforts of Policy,
Innovation, and Sustainability for a Greener Future.
https://wedocs.unep.org/20.500.11822/45332.