Le commerce mondial de produits agricoles est dominé par de grandes multinationales qui disposent de ressources financières et d’infrastructures de logistique, de stockage, de transport et de transformation. Ces entreprises contrôlent plus de la moitié du flux mondial de matières premières agricoles. Le carré ABCD (ADM, Bunge,Cargill et Dreyfus) a négocié 540 millions de tonnes de denrées en 2022, soit environ 60 % du total du volume mondial des produits céréaliers et oléagineux échangés.
Le mardi 4 février, le négociant américain en céréales Archer Daniels Midland (ADM) a indiqué sur son site web son intention de supprimer entre 600 et 700 emplois en 2025. Cette démarche participe d’un effort global pour réduire son exposition aux incertitudes du marché. ADM veut aussi réduire ses coûts de fabrication et réduire des dépenses pour économiser entre 500 et 750 millions $ sur les 3 à 5 prochaines années.
L’annonce d’ADM est la dernière manifestation du malaise qui sévit globalement chez les acteurs mondiaux du négoce agricole. Le temps des profits record semble bien loin pour le quatuor dit ABCD des géants du marché des matières premières agricoles comprenant ADM, Bunge, Cargill et Louis Dreyfus. En général, ces acteurs tirent profit de la volatilité des cours mondiaux en achetant au plus bas et en revendant au plus haut. Mais l’an dernier ils ont broyé du noir.
Les marchés des céréales et des oléagineux ont été marqués, en 2024, par de fortes récoltes dans plusieurs zones de production et des stocks abondants, dans un contexte de baisse de la demande internationale.
Les prix du soja, du maïs et du blé ont chuté à leur plus bas niveau depuis 2020 faisant ainsi oublier la période de flambée des cours enregistrée dans la foulée de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022 qui a perturbé les chaînes mondiales d’approvisionnement.
Dans ce contexte, les gains de plusieurs membres du carré ABCD ont fondu. ADM a annoncé un chiffre d’affaires en recul de 9,8 % à 85,5 milliards $ et un bénéfice net de 1,8 milliard $ en 2024 contre 3,48 milliards $ un an plus tôt. De son côté, Cargill a également subi des pertes durant son exercice fiscal 2024 achevé en mai dernier. Le plus grand négociant agricole du monde a enregistré des recettes de 160 milliards $, soit 10 % de moins qu’un an plus tôt. Il s’agit de la première baisse des ventes du géant de Minnesota depuis 2019.
Cargill a aussi enregistré, selon les données compilées par Bloomberg, un profit net de 2,48 milliards $ en 2024, soit le plus faible niveau depuis 2015. Cette contre-performance a déjà conduit le négociant à annoncer, en décembre dernier, une réduction de 5 % de son effectif mondial estimé à 164 000 personnes.
Plus généralement, plusieurs analystes soulignent que cette année, le marché pourrait être un peu plus volatil que l’année dernière du fait des inquiétudes sur les conditions météorologiques en Amérique du Sud, en particulier en Argentine, mais aussi en Russie. La récolte russe devrait chuter de 3 millions de tonnes s’établissant à 78,7 millions de tonnes en 2025 soit son plus bas niveau depuis 2021, en raison de la sécheresse, selon les dernières prévisions du cabinet Sovecon. Au-delà des fondamentaux, les cours des produits agricoles pourraient fluctuer à la Bourse de Chicago au gré des annonces du gouvernement de Donald Trump, particulièrement celles impactant le cours du billet vert.
Source : Agence Ecofin