L’industrie mondiale des engrais consacre de longue date beaucoup d’énergie et de ressources pour développer des engrais à faible teneur en carbone. Le succès de ces engrais verts dépend, particulièrement aux États-Unis, de leur ROI (retour sur investissement) pour les fermiers et des encouragements financiers et réglementaires des gouvernements. Ces engrais, généralement considérés comme des compléments et non des substituts aux engrais chimiques, sont l’objet d’un vif débat aux États-Unis.
Au printemps dernier, le Trésor américain a publié les lignes directrices d’un crédit d’impôt – baptisé 40B – qui concerne, outre le carburant d’aviation durable SAF, un programme pilote du département de l’Agriculture sur l’agriculture intelligente et le climat (Climate Smart Agricultural Pilot Program). Ce programme a permis aux agriculteurs pratiquant l’agriculture de conservation (semis direct, cultures de couverture et recours aux engrais azotés à efficacité renforcée ou EENF) de se prévaloir d’un score d’intensité carbone (IC) réduit pour leur maïs. D’une façon plus générale, il existe aussi un crédit dit 45Z qui bénéficie à la production de bio-carburants.
Les engrais à efficacité améliorée
Mais, qu’est-ce donc qu’un EENF ? D’après l’Association of American Plant Food Control Officials (AAPFCO) “un engrais à efficacité améliorée est un intrant qui réduit les pertes en nutriments et limite leur dispersion dans l’environnement comme les pertes gazeuses, la lixiviation ou le ruissellement. Les EENF ne sont pas exactement une nouveauté. Il en existe depuis des décennies à l’instar des inhibiteurs de nitrification, ders inhibiteurs d’uréase et des engrais à libération lente.
Ne font partie du programme SAF ni les produits biologiques ni l’ammoniac vert. En effet, le terme biologique, stricto sensu, s’applique aux biospeticides, aux microbes bénéfiques (ou biofertilisants) et aux biostimulants. L’ammoniac vert est chimiquement identique à l’ammoniac traditionnel, mais n’est pas produit par des combustibles fossiles mais par de l’électricité renouvelable qui combine l’hydrogène issu de l’eau et l’azote présent dans l’air.
La société américaine Talus Renewables a construit un système modulaire d’ammoniac vert qui pourrait être rapidement déployé en Afrique subsaharienne où les agriculteurs n’ont pas souvent accès à un engrais azoté de base. L’ammoniac vert pourrait doubler le rendement des cultures en Afrique et y réduire la consommation d’eau de 30%.
Pour revenir au programme pilote SAF, bien que son objectif soit d’inciter l’industrie des biocarburants à adopter des pratiques agricoles plus écologiques, il est des agriculteurs qui doutent qu’il suffise à susciter un tournant résolument vert. La raison en étant la modicité des primes accordés aux agriculteurs. Il ne réénumèrerait pas suffisamment le coût du changement pour les fermiers américains. Finalement, tout est question de ROI pour les fermiers. Les agriculteurs cherchent en général un ROI de 3 à 1 sur l’utilisation de nouveaux produits.
En tout cas les industriels américains des nouveaux fertilisants y croient. Ils ont investi $ 2,4 milliards par an durant les trois dernières années pour mettre à niveau leurs usines d’engrais pour qu’elles puissent répondre aux différents programmes d’aide américains à l’usage d’intrants plus verts.
ENCADRÉ
Les engrais biologiques
La société américaine Pivot Bio a mis au point un engrais azoté appelé Proven 40 vendu moins cher que les engrais synthétiques qui ne peut cependant pas remplacer complètement les engrais synthétiques. Il est, par contre, un excellent complément de ce dernier. Les agriculteurs remplacent jusqu’à 40 livres d’azote synthétique par acre par l’azote microbien qu’est le Proven 40.
Les autres produits biologiques, similaires au Proven 40, sont des compléments plutôt que des substituts des engrais synthétiques. Cela signifie qu’il représente pour les agriculteurs un coût supplémentaire et non une économie. C’est pourquoi, les investissements dans l’industrie des engrais devraient se concentrer sur leur rentabilité financière.
La société ADM a mis au point un biostimulant baptisé NeoVita 43. Ses inventeurs le comparent au Gatorade, boisson sportive qui fournit une énergie instantanément. Il est une source de nutrition instantanée qui permet au sol de démarrer le processus de nitrification.
Source : Successfull Farming