Avec une consommation qui ne cesse de croître, le sucre est devenu un enjeu stratégique pour les producteurs mondiaux, poussant même les pays du Golf à importer la matière première pour la transformer, la revendre et prendre position sur les marchés.
Dans son ouvrage intitulé « Géopolitique du sucre », Sébastien Abis, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) explique le pouvoir acquis par cette denrée de base et la nécessité, pour la France, de se réarmer en termes agroindustriels.
Omniprésent dans l’industrie alimentaire et accessible aux populations défavorisées, ce produit phare soutient la filière agricole, majoritairement celle de la production sucrière à partir de cannes à sucre (80%), le reste étant produit à partir de betteraves. La canne à sucre gagne aussi du terrain parce qu’elle permet de s’affranchir du pétrole en produisant du biocarburant : au Brésil, la moitié du parc roulant utilise cette énergie.
Une dizaine de pays assure 75% de la production mondiale. Le Brésil occupe la première place suivie de la Thaïlande, puis de l’Inde dont la production est handicapée par les événements climatiques et une démographie galopante qui l’oblige parfois à réserver sa production à la consommation domestique.
La betterave dispose aussi d’atouts, elle permet la fabrication de sucre, mais aussi de biocarburants, de gels hydroalcooliques, de produits cosmétiques ou pharmaceutiques. L’Europe, qui la cultive, doit prendre conscience de l’importance stratégique de conserver sa capacité de production, spécialement face à une Russie elle aussi cultivatrice de betteraves et qui entend conquérir la « planète sucre ».
Produire du sucre c’est être un acteur incontournable de l’économie mondiale et, sans doute, préserver sa souveraineté alimentaire et énergétique.
Source : France24 Intelligence économique