Comprendre les enjeux de l'agriculture

La réputation des organismes génétiquement modifiés (OGM) s’améliore grâce au progès du concept de souverainisme alimentaire, au changement climatique et au désir de limiter l’usage d’intrants chimiques. La période post covid a relancé le débat sur leurs inconvénient et avantage, obligeant les États à se prononcer sur leur usage et leur réglementation. Le 3 octobre dernier, la Commission européenne a émis des recommandations pour la création d’un protocole de veille sur les risques liés aux modifications génétiques, aux techniques génomiques, au forçage génétique et à la biologie synthétique. Les États concernés devront conduire des évaluations, en partenariat avec le secteur privé, et veiller à préserver les intentions initiales, c’est-à-dire la production agricole, l’usage industriel ou l’innovation santé, sans détournement de ces technologies. Ces évaluations, portant sur la nature et le niveau de risque, devront être remises d’ici fin 2023 et alimenteront les discussions  sur le cadre réglementaire applicable à ces biotechnologies.

L’organisme est considéré en tant qu’animal, végétal ou bactérie. L’homme intervient sur le patrimoine génétique de celui-ci en supprimant, en ajoutant ou en modifiant certains gènes afin d’influencer ses caractéristiques.

La définition européenne le décrit comme un organisme dont le matériel génétique a été modifié autrement que naturellement (multiplication ou recombinaison). La directive européenne relative (2001/18/CE) exclut les êtres humains de cette technologie.

Initialement, les scientifiques utilisaient deux techniques de modification génétique :

  • La transgénèse : introduction d’un gène d’une autre espèce dans le génome de l’organisme, à l’instar du maïs MON810, autorisé en Europe et qui a reçu le gène de Bacillus thuringiensis pour sa capacité à produire une molécule insecticide ;
  • Le croisement : introduction d’un gène d’une espèce parente.

Les innovations en matière de génie génétique permettent désormais aux scientifiques de cibler les modifications à l’intérieur du gène récepteur et d’en moduler l’expression. Ces avancées technologiques, dénommées New Breeding Techniques (NBT) prennent différentes formes, dont :

  • La mutagenèse dirigée : incitation à une mutation ciblant une partie du génome par le biais de « ciseaux génétiques » (CRISPR-Cas9) ;
  • L’agro-infiltration : application de bactéries profitables aux cellules cibles pour développer des aptitudes.

Applications non agricoles des OGM

Outre leurs usages agricoles, les organismes génétiquement modifiés trouvent aussi leur place dans d’autres domaines d’application :

  • La recherche fondamentale et la compréhension des mécanismes biologiques, notamment par la création d’animaux de laboratoire génétiquement modifiés dans le but de réaliser des expérimentations sur les mécanismes humains. L’Union européenne a recensé plus de 2,5 millions d’animaux, rats, lapins, chèvres, vaches… utilisés à cet effet ;
  • La fabrication, pour l’industrie, de molécules spécifiques destinées à la fabrication de plastiques dégradables, de pâte à papier, de textiles et autres fabrications ;
  • La production d’OGM pour le secteur de la santé : des protéines comme l’insuline produite à partir de bactérie Escherichia coli modifiée ou des hormones de croissance, ou encore des micro OGM entrant dans la composition de vaccins à adénovirus recombinants (Astrazeneca, Johnson & Johnson) ;
  • La création de plantes ornementales ou de poissons modifiés destinés aux aquariums ;
  • La création d’espèces transgéniques comme des moustiques antivectoriels diffusés au Brésil et aux États-Unis pour lutter contre plusieurs maladies ;
  • La production d’énergie : le colza transgénique est utilisé pour la fabrication de biocarburant.

A l’échelle de la planète, les cultures génétiquement modifiées représentent près de 200 millions d’hectares cultivés, selon le Service international pour l’acquisition d’applications agricoles biotechnologiques (ISAAA).

Les plus gros producteurs se situent sur le continent américain (nord et sud), la quasi-totalité de ces surfaces de cultures génétiquement modifiées concernent la production de soja, de maïs, de colza, de luzerne ou de betterave sucrière.

En Europe, seul le maïs MON810 est autorisé, il est cultivé en Espagne et au Portugal. Sa surface cultivée représente moins de 1% des surfaces européennes. Mais l’Union européenne permet l’importation de variétés modifiées pour l’alimentation animale.

Les propriétés attendues en priorité sont la tolérance aux herbicides, appelée TH, et la résistance aux ravageurs grâce à l’introduction d’un trait Bacillus thuringiensis (Bt). Ces propriétés soutiennent la productivité mais elles conduisent aussi à un usage intensifié des intrants chimiques.

En France, le ministère de l’Agriculture met à disposition son catalogue des variétés autorisées, toute nouvelle variété importée dans un catalogue national doit être portée à la connaissance des instances européennes pour introduction au catalogue dédié.