La sécheresse qui touche actuellement 40% du territoire américain représente une menace pour cette puissance agroalimentaire. Les États occidentaux consomment 90% des eaux souterraines et de surface pour alimenter l’activité agricole. Ils sont les premiers à faire face aux risques de pénuries si le gouvernement ne réagit pas.
Les précipitations du printemps ne suffisent plus à remplir les réserves dans l’Utah et le Gouverneur a invité les habitants à adopter des gestes préventifs : traquer les fuites, réduire la durée des douches, supprimer les pelouses consommatrices… insuffisant pour les experts.
La sécheresse est récurrente depuis vingt ans mais l’inquiétude grandit face à l’accélération du phénomène avec une reconstitution de plus en plus timide des stocks, combinée à une consommation croissante.
Certains évoquent déjà un point de non-retour et s’en remettent à une intervention divine. D’autres, plus pragmatiques, interpellent les États afin qu’ils élaborent des politiques de transition plus incisives envers les entreprises et les consommateurs.
La pluie n’est plus le remède, même torrentielle. Son imprévision ne permet pas de l’impliquer dans le dispositif. Les réservoirs de collecte d’eaux de pluie ou de neige fondue ne suffisent plus quand les précipitations et les températures ne jouent plus le jeu.
La difficulté des autorités est de construire une politique sur une data climatique bouleversée. Les constats de la dernière décennie ne sont plus modélisables. Citons le lac artificiel Mead, en amont du barrage Hoover, il est actuellement à 36% de sa capacité, une baisse record qui impacte la production électrique de 25%. L’assèchement du lac Oroville en Californie a même provoqué la fermeture de la centrale électrique.
Les sols secs aspirent l’humidité avant que celle-ci ne puisse être récupérée dans un quelconque stockage, la hausse des températures participe à son évaporation et les populations augmentent leur consommation d’eau. Le phénomène de sécheresse en soi n’est pas nouveau mais la démographie, les modes de vie et le climat actuels limitent la capacité de résilience.
Les États ont déjà préparé des plans de répartition des ressources entre eux en cas de pénurie. L’agriculture sera la plus impactée, elle doit envisager d’autres cultures que le foin et la luzerne dont le ratio valeur/consommation d’eau est peu intéressant. Faute d’eau, des agriculteurs optent pour la jachère, un choix impossible pour les propriétaires de vergers.
A Redding, ville de 180 000 habitants au nord de la Californie, les autorités envisagent de remettre en service sa police de l’eau et Las Vegas a interdit le gazon décoratif.
Seul un bouleversement profond des systèmes de production et de consommation permettrait d’organiser ce territoire en stress hydrique, la sécheresse ne s’éradique pas, les populations du continent africain le savent.
Source : News24