La question de la valeur de la terre nourricière a ressurgi à l’heure de la pandémie. Chacun découvre ou redécouvre l’importance de la sécurité alimentaire.
Alors que les pays voisins de la France reconnaissent les vertus des mécanismes de contrôle exercés par des organismes comme la SAFER, il semble que ceux-ci ne soient plus suffisants face aux investisseurs, notamment chinois.
Par des manœuvres foncières et juridiques, ces multinationales chinoises transforment les propriétaires agricoles en ouvriers d’exploitation. L’acceptation des intéressés se justifie par le souhait de trouver un quotidien plus stable financièrement quitte à abandonner la valeur des actifs.
Le danger de ce phénomène d’accaparement réside dans les objectifs de ces multinationales, désintéressées par le rôle de l’agriculture dans nos sociétés et concentrées sur une agriculture industrielle contrainte (engrais, pesticides) au service d’intérêts financiers.
La Chine compte 20% de la population mondiale mais dispose de peu de terres dont 1/5 sont polluées d’où une conquête effrénée qui a conduit ce pays à acquérir 10 millions d’hectares dans le monde.
Les paysans s’inquiètent de cet arrivant qui ne compte pas partager les surfaces agricoles et qui enlève aux jeunes agriculteurs, peu fortunés, toute opportunité d’acquérir de nouveaux espaces.
A première vue, produire en France pour exporter une production française en Chine paraît séduisant et favorable. En regardant mieux, ce projet concentre et homogénéise le paysage agricole au service de quelques industriels. La richesse produite ne se partage plus et les agriculteurs sont privés de leurs ressources.
Il existe bien une obligation pour le propriétaire vendeur de soumettre son projet de cession à la SAFER mais cette obligation couvre les cessions à 100%. Or, les Chinois ont été pionniers en proposant aux exploitants-propriétaires de sociétés comprenant des terres, du matériel et des bâtiments d’acquérir 98 à 99% de leurs parts du capital. Ce montage transactionnel est désormais dupliqué par des investisseurs français.
A défaut d’une intervention publique, la société civile tente d’enrayer le phénomène. L’association Terre de liens investit dans des terres agricoles qu’elle propose à la location à des petits exploitants pour protéger le foncier agricole français. En 15 ans, 172 agriculteurs ont ainsi pu s’installer.
Le sujet est brûlant. Dans 5 ans, la moitié des agriculteurs partira en retraite et 100.000 fermes risquent d’être mises en vente. Chacune sera cédée « au plus offrant », un qualificatif qui ne prend en compte que le volet financier.
Source : France TV Info