Les citadins des grandes villes ne sont pas les seuls à rêver d’un autre futur. Une révolution s’opère, portée par des individus engagés et militants qui croient en une possible transition vers un modèle d’exploitation respectueux de la nature et, par extension, de l’homme.
Pas de portrait-type, hommes ou femmes, ils sont cultivateurs, éleveurs ou pêcheurs de toutes origines sociales. Un point commun : ils pensent que l’action individuelle compte indépendamment de l’initiative publique et collective.
Avant les tables gastronomiques ou les chefs étoilés, il y a des hommes et des femmes, dotés d’un savoir-faire agricole, qui travaillent en symbiose avec leur environnement pour en tirer le meilleur. Quelques génies gastronomiques leur rendent hommage dans leur menu. Autrefois invisibles, ils deviennent garants d’une qualité, d’une saveur et de la préservation de notre planète.
A l’instar des PME dans le monde des affaires, les petits agriculteurs produisent la majorité des ressources agricoles consommées, dans une pratique respectueuse. Il faut dire qu’ils côtoient quotidiennement la terre et se savent dépendants d’elle.
Quand le mal est fait, ils s’improvisent en sauveurs. Ainsi, Agnès Sourisseau, paysagiste, a décidé de « réparer » le paysage autour de Claye-Souilly, en Seine-et-Marne. Elle replante et reconstitue la biodiversité avec deux objectifs : nourrir les locaux et former les futurs agriculteurs à l’agroécologie.
Le mouvement compte quelques anciens : en Normandie, la famille Hervé-Gruyer, pionnière de la permaculture, a créé au début des années 2000 un véritable jardin nourricier de 2 hectares qui alimente une centaine de familles. Une initiative inspirante pour l’INRAE qui a étudié cette réalisation pour en tirer des enseignements.
A l’image de Nicolas Supiot, paysan et boulanger, ils soutiennent le maintien d’une biodiversité, végétale et animale. Pour lui « les vaches sont le levain du sol ».
Néo-ruraux, descendants d’agriculteurs… ils récupèrent une terre épuisée par la monoculture et les intrants chimiques et s’emploient à lui redonner vie grâce à la polyculture, l’agroforesterie ou la création d’habitats pour les animaux.
Selon le ministère de l’agriculture, les néoruraux sont majoritairement des femmes avec un niveau d’éducation élevé, à l’image de Stéphanie Maubé, réalisatrice, devenue éleveuse d’agneaux dans le Cotentin et maire de son village.
Ces acteurs du futur sont nombreux et disséminés aux quatre coins de la France : Emmanuelle Marie, mareyeuse, dénonce la pêche industrielle, Gérard Carrodano, l’éradication d’espèces de poissons, Tifenn et Jean-Noël Yvon la manipulation des mollusques par les laboratoires, Sandrine et Françoise Borel, le diktat chimique de l’agrobusiness.
Ils portent globalement le même message : leur but premier est certes de nourrir mais ils sont aussi les acteurs essentiels de la transition salvatrice. Les initiatives individuelles sont donc partout mais encore trop silencieuses.
Le lancement récent, par le ministère de l’agriculture, de la plateforme de promotion du circuit court FraisEtLocal permet d’espérer l’émergence d’un mouvement plus collectif et plus puissant.