Comprendre les enjeux de l'agriculture

Dans le domaine de la recherche agricole, MASCIR marche sur ses deux jambes que sont la durabilité et la rentabilité. Notre première préoccupation est la réduction de l’empreinte carbone de l’agriculture.  Notre seconde préoccupation est la rentabilité de nos outils et applications tous orientés vers une agriculture de précision.  Aussi, vais-je introduire, ici, les résultats de nos recherches dans deux de nos domaines d’excellence : les biostimulants et biofertilisants d’une part et les dispositifs d’analyse intelligents des sols et des plantes.

Nous nous intéressons depuis plus de dix ans à l’univers des microalgues marines, leur culture, leur valorisation et leurs différentes applications. Les biostimulants et les biofertilisants – qui sont justement exempts de produits chimiques – jouent un rôle primordial dans le renforcement du système naturel de défense et de croissance des plantes tout en respectant l’environnement.

Nous avons obtenu des résultats exceptionnels en matière de rendement des différentes cultures grâce aux microalgues marines. Nous disposons d’ailleurs, à MASCIR, de la première algothèque ou bibliothèque d’algues. Elle est riche de près 200 souches qui ont été collectées sur l’ensemble du littoral marocain.

Nous avons créé une start-up baptisée Tecalga spécialisée dans la production et la commercialisation des biostimulants et biofertilisants issus de microalgues marines. Nous sommes seuls, aujourd’hui, sur ce marché. Nous pourrions imaginer un label CE pour nos produits et les exporter en Afrique comme vers d’autres continents. Nos biofertilisants n’entrent pas en concurrence avec les engrais phosphatés, ils en sont un complément.

Laboratoire de Valorisation des Ressources Naturelles de la Fondation MAScIR

Des dispositifs d’analyse intelligents

Quant au deuxième volet de nos travaux, il concerne la réduction de l’empreinte carbone de l’agriculture. En premier lieu, nous avons déjà un moindre recours aux gros engins, tracteurs et autres largement utilisés dans les champs. A l’instar des biostimulants et microalgues, nous basculons vers l’infiniment petit dont, par exemple, des dispositifs électroniques intelligents commandés par l’intelligence artificielle. Nous avons une équipe de micro-électronique qui s’intéresse à tout ce qui est digitalisation et smart device.  Elle a acquis une grande expertise en matière de spectroscopie proche à infrarouge.

Cette technique permet de faire des analyses en temps réel sans utiliser de consommables ni de réactifs. C’est une prouesse scientifique. Non seulement nous ne sommesplus dans une logique dans laquelle l’échantillon se déplace vers le laboratoire, mais dans la logique inverse.

C’est le dispositif qui se déplace vers le champ pour faire l’analyse de manière instantanée et fournir des recommandations aux agriculteurs. C’est un outil qui leur permet de prendre des décisions éclairées sur place. Je vais citer deux exemples.

Le premier est l’analyseur de sol qui mesure la matière organique et le NPK de manière instantanée. Le second est un dispositif d’analyse de l’huile d’olive qui donne instantanément des indications sur son taux d’acidité, les diènes conjugués ou encore le mix. Ce dispositif nous indique donc si l’huile d’olive a été mélangée à un autre liquide sans recours à un quelconque consommable ou réactif.

Nous sommes dans l’ère de la miniaturisation. Les analyseurs sont des dispositifs connectés et portatifs et qui permettent justement à l’analyse de se déplacer vers le champ et de donner instantanément des résultats. Ils permettent aux agriculteurs d’être plus réactifs et d’adapter de façon précise les bonnes doses d’intrants dont les engrais.

D’une façon générale, nous appliquons les résultats des travaux de notre équipe de biotechnologie médicale – elle a mis au point des kits de diagnostics moléculaires pour des maladies prévalentes au Maroc et en Afrique – aux maladies virales qui touchent les plantes.

Ainsi, nous avons mis au point un kit de detection du virus de la ToBRFV maladie qui ravage les graines de tomates et de poivrons. Il est en cours de validation par l’ONSSA ou Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires. Ce kit nous permettra de diagnostiquer la maladie de manière précoce et donc d’aider les graines de ces plantes à la surmonter efficacement.

 

La MASCIR

MASCIR ou Moroccan Foundation for Advanced Science Innovation and Research est une fondation à but non lucratif qui a été créée en 2007. C’est un centre de R&D pluridisciplinaire aujourd’hui associée à l’UM6P et qui est spécialisé dans la recherche appliquée et applicable pour répondre aux besoins de l’industrie et de l’économie nationale et continentale.

Le choix s’est porté à l’origine sur les grands pôles technologiques que sont la microélectronique, la biotechnologie et les matériaux et nano matériaux, de l’optique photonique et des sciences de la vie. Aujourd’hui, après 17 ans d’existence, MASCIR peut être définie comme un vivier de compétences, de différents domaines d’expertise et, de ce que nous appelons dans notre jargon, des briques technologiques susceptibles d’adresser différents secteurs d’activité. Ainsi MASCIR s’intéresse-elle à la santé, aux énergies renouvelables et aux mines. Elle travaille beaucoup avec le groupe OCP dans les domaines du développement durable, de l’économie circulaire et de l’agriculture.

Voici quelques chiffres qui donnent une idée de l’étendue de nos activités :

  • 200 collaborateurs
  • 700 publications scientifiques
  • 190 licences
  • 10 startups associées

La mission de la MASCIR, dès ses débuts, est de faire une R&D utile aux opérateurs économiques et de nouer des partenaires industriels. Nous donnons accès aux entreprises à une R&D sur mesure lorsqu’elles nous sollicitent avec un cahier de charge bien précis. Il nous appartient ensuite de nous appuyer sur les compétences techniques scientifiques de nos collaborateurs et sur notre plateforme technologique et ses équipements de pointe pour développer des solutions innovantes qui vont répondre à leurs besoins spécifiques, moyennant bien entendu rémunération. Enfin, l’aspect le plus important concerne la propriété intellectuelle. Elle peut, soit être partagée et dans ce cas, elle donne naissance à du co-développement, soit revenir au seul client ou à la seule MASCIR.

Nous déployons beaucoup d’efforts au service de l’agriculture marocaine. Elle est vitale pour l’économie du royaume : elle emploie 40% de la population active et représente 15 à 20% du PIB. C’est malheureusement une agriculture majoritairement pluviale à hauteur de 87% de la surface agricole utile contre 13% de périmètre irrigué. Ce handicap est aggravé par les mauvaises conditions météorologiques. Pour donner une idée du stress hydrique dont souffre l’agriculture marocaine, il suffit de relever qu’elle en est à sa sixième année de sécheresse. Le défi est immense.