Récemment, le gouvernement marocain a autorisé l’exploitation du cannabis, le pays étant l’un des plus gros producteurs mondiaux. La légalisation du cannabis représente-t-elle une bénédiction ou une malédiction pour les producteurs et les petits agriculteurs locaux ?
Après avoir légalisé la culture du cannabis en 2022, le royaume a décidé de développer sa production, principalement à vocation médicale et industrielle., Durant la même année, près de 300 tonnes ont été produites par 32 coopératives régionales couvrant une superficie dépassant les 277 hectares. Selon l’ONU, en 2021, le Maroc était le premier producteur mondial de résine de cannabis, avec une estimation de 55000 hectares uniquement consacrés à cette culture. Il était donc inéluctable d’opter pour une légalisation du cannabis.
Il faut savoir que depuis des années, les plantes de cannabis (Cannabaceae) poussent dans le Nord du Maroc de manière naturelle. Des centaines d’hectares, généralement sont sous-exploités, ou cultivés, dont la production est vendue de manière clandestine. Il existe de nombreuses exploitations familiales. Ces régions s’étendent de Ketama, la région historique réputée pour cette culture, jusqu’à El Hoceima, en passant par Chefchaouen, Ouazzane et Taounate. Pour ces familles, la vente du cannabis représente le seul moyen de subsistance. Ce gisement d’or vert représente ainsi une aubaine pour le royaume, dont la valeur pourrait atteindre près de $73,6 milliards d’ici 2027, grâce à la légalisation du cannabis.
Cependant, les agriculteurs spécialisés dans la culture du kif font face à un dilemme. Désormais, ces derniers font appel à des variétés de cannabis hybrides, utilisées dans le but d’améliorer la qualité et le rendement des cultures. Pourtant ces variétés sont très hydrivores, voraces en eau, alors que la crise hydrique menace le pays. Afin d’y remédier, le département de l’eau et le ministère de l’Agriculture collaborent avec les exploitants en vue de mettre en place des techniques d’irrigation plus respectueuses de l’environnement.
La légalisation du cannabis au Maroc représente ainsi une bénédiction pour le pays, mais probablement un gouffre hydrique, qui va à l’encontre des efforts écologiques nationaux.