Comprendre les enjeux de l'agriculture

Isabelle de Radiguès est agricultrice depuis les années 1980. Elle a connu les années pesticides à 100%, les années où l’agriculteur s’exécutait sur les bons conseils des représentants de l’agrochimie reconvertis en consultants. Les rendements étaient vitaux et les marges n’autorisaient pas de réorganisation de la méthode agricole. De nombreux agriculteurs de cette génération ont été touchés par des maladies de type cancer.

Même si elle réalise aujourd’hui la dangerosité des produits, elle insiste sur la nécessité de laisser du temps à la profession d’opérer une transition et d’accepter les différentes agricultures :

  • Conventionnelle ;
  • Raisonnée ;
  • Biologique.

Les jeunes agriculteurs qui n’ont pas eu la chance d’hériter d’une exploitation débutent leur activité avec des engagements financiers importants qui les contraignent à toujours plus de rendements, sans l’opportunité d’une transition radicale.

Son fils, Nicolas de Radiguès, a repris l’exploitation familiale et arrêté l’activité de vaches laitières dont ses parents étaient esclaves. Il a conservé les cultures céréalières et envisagé de passer au bio, la seule agriculture « respectable » aux yeux des non-agriculteurs. Et puis, finalement, il a fait le choix d’une agriculture raisonnée, un modèle plus viable économiquement mais respectueux de l’environnement avec un usage intelligent des pesticides.

Il a l’impression d’avoir fait un choix équilibré et d’opter pour un traitement sur mesure de son exploitation. Avec un consultant, ancien agriculteur local retraité, ils auscultent régulièrement les plantations et pratiquent le sur-mesure, y compris pour les pesticides si cela est nécessaire.

Son blé devra être traité au pesticide pour les mauvaises herbes mais son colza est protégé des insectes par une plante compagne, le fenugrec. Les labours sont limités pour conserver le sol et économiser du fioul. Le verger qui produit 8 tonnes de pommes à cidre n’a reçu aucun traitement phytosanitaire depuis 3 ans. Résultat : ses finances sont assainies et il se réserve des espaces à des plantations expérimentales diversifiées sur des sols sans labour.

Par ce témoignage, la famille de Radiguès espère éclairer les citoyens sur l’agriculture et rappeler que le monde agricole n’est pas scindé en deux groupes, « les bio » et les pollueurs.

Source : Europe 1