Plutôt que subir la sécheresse ou autres caprices du climat, les chercheurs de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) ont décidé d’en tirer un enseignement avec un nouveau living lab expérimental situé à Lusignan dans la Vienne, en France.
Ce laboratoire, dénommé SICLEX possède tous les outils pour simuler la vie sur terre et mettre à rude épreuve les cultures cobayes : chauffages radiants, rampes d’irrigation, dispositif de concentration en CO2… Ce simulateur de climats extrêmes permet de construire différents scénarios élaborés par les chercheurs du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC).
Le simulateur s’approche au plus près des conditions réelles d’exposition. Ainsi, il déclenche la couverture-toiture des plants seulement quelques minutes avant l’arrivée d’une précipitation afin de ne pas les priver d’un ensoleillement naturel en les maintenant sous serre en permanence.
En complément, des capteurs locaux et des drones relèvent les données pour restituer des informations atmosphériques mais aussi des modélisations en 3D des plants à différents stades de croissance.
Avec cette expérience, l’INRAE cherche à améliorer notre compréhension des interactions climat-cultures et à minimiser les aléas de production fourragère qui menace l’alimentation animale, voire pousse les éleveurs à réduire leur troupeau.
Les plantes exposées au climat méditerranéen ont déjà livré quelques secrets, elles ont des racines plus profondes, elles stoppent leur croissance en été ou, du moins, ne repartent pas à la moindre averse. Les travaux ont pour objectif d’obtenir des variétés qui cumulent les avantages des différents climats, c’est-à-dire une capacité à résister à l’absence d’eau mais en poursuivant sa croissance en été.
Les potentiels de croisement ne sont pas tous réalisables en pleine terre, la modélisation informatique prend le relai mais les essais de terrain alimentent cette modélisation. Il est déjà possible de sélectionner des variétés pour des finalités d’espèces mais ici les travaux permettront d’obtenir une variété résiliente dans différents environnements.
La biodiversité est déjà reconnue comme une piste de protection des plants, mais elle se heurte à des objectifs de rendement de la part des cultivateurs. Ils persistent à une monoculture qu’ils mettent sous perfusion hydrique en cas de sécheresse alors que les ressources en eau sont déjà fragilisées dans de nombreuses régions. La résistance à la sécheresse est donc un prérequis essentiel pour les rendements mais aussi pour le projet d’agriculture durable.
A Lusignan, où les chercheurs espèrent découvrir la plante « à toute épreuve », les cobayes continuent de souffrir d’un déficit en eau jusqu’à leur libération, lorsqu’ils sont à nouveau exposés aux pluies. Les chercheurs observent alors quelles sont les variétés survivantes et leurs capacités respectives à repartir.
Cette quête botanique suscite d’autres expériences de simulation climatique. En effet, près de Clermont-Ferrand, l’INRAE expérimente aussi différentes conditions de culture du blé. Quant au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), il mène des travaux d’évaluation de l’impact du taux de CO2 sur la riziculture.
Source : Le Monde