Les Sans-terre sont la cible préférée du président Bolsonaro qui souhaite une agriculture efficace et rentable, une exploitation monoculture combinant OGM et pesticides.
Les Sans-terre, eux, se sentent privilégiés de pouvoir cultiver du riz bio, organisés en coopérative dans leur campement de Nova Santa Rita, près de la frontière sud du Brésil.
Ils sont 100 familles, appartenant au Mouvement des sans-terre brésilien (MST), à espérer une récolte 2021 aussi bonne que celle de 2020 : 15.000 tonnes de riz bio qui font de ces agriculteurs les premiers producteurs en Amérique Latine.
La coopérative Coopan n’est pas une initiative bancale et artisanale, c’est une ferme modèle avec sa crèche, son épicerie, une salle des fêtes, des animations sportives et des employés qualifiés qui pérennisent le concept. Résultat, les paysans s’y installent et ne la quittent plus.
Elle régule la production, garantit un salaire équivalent à deux fois le salaire minimum local et vend sa production sous le label Terra Livre , dans tout le Brésil et à l’export.
Un succès qui conduit la coopérative à diversifier ses activités : légumes, café, cacao, miel, manioc, lait de vache et viande de porc, pour laquelle le collectif s’est offert son propre abattoir.
Le Bio a la cote, avec un marché évalué à 700 millions €. Dès 1990, les Sans-terre ont pris le virage de l’agroécologie lorsqu’ils ont constaté les intoxications de leurs travailleurs et la disparition de la faune dans les champs.
Le mouvement est né en 1984, en réponse à une agriculture modernisée qui privait les petits paysans d’une part de marché et détruisait leur habitat nourricier. Ceux-ci ont occupé les terres abandonnées par l’État ou les grands domaines agricoles, avec, à la clé, une régularisation des situations pour 350.000 familles. La période Lula (2003-2011) leur a été favorable, le leader redistribuant près de 50 millions d’hectares de terre.
Aujourd’hui les capitalistes au pouvoir coupent les aides et ne veulent pas entendre parler de solutions durables, ralenties par des préoccupations sociales. Les MST savent qu’ils doivent composer leur futur sans Bolsonaro. Pire, son responsable foncier est soupçonné de mandater des milices rurales pour intimider les initiatives locales. En octobre dernier, un dirigeant du mouvement MST a été enlevé et assassiné par cet État partisan de solutions violentes mais qui trouve son public.
L’histoire est engagée depuis plus de 30 ans, les MST ne baissent pas les bras. Cette agriculture alternative les préserve aussi.
Source : Le Monde