La question du bien-être animal est régulièrement exposée abruptement par diverses forces associatives ou citoyennes, sans que celle-ci ne fasse l’objet d’une réflexion constructive organisée par les politiques.
Yannick Ramonet, ingénieur à la Chambre d’agriculture de Rennes et animateur du Réseau Mixte Technologique (RMT) et François-Régis Huet, ancien comptable devenu éleveur, nous livrent leur approche de la question.
Tout d’abord, comment définir la notion de bien-être animal ? Yannick Ramonet la caractérise selon 5 critères :
- Besoin vital : ne pas souffrir de faim et de soif ;
- Logement : être dans un confort ;
- Santé : bénéficier de soins ou de traitements ;
- État mental : limiter le stress, la peur ;
- Respect du comportement de l’espèce.
Si les premiers critères sont, par logique d’élevage, respectés, le dernier ne fait pas consensus.
Il faut distinguer entre l’enjeu sociétal qui pousse les politiques à envisager un référendum d’initiative citoyenne et la question de l’enjeu économique qui concerne les acteurs de la filière d’approvisionnement, soucieux de rassurer le consommateur.
Il y a 5 ans, seule l’administration veillait au respect des règlementations, accompagnée de quelques associations qui œuvraient ponctuellement à l’amélioration de la condition animale.
Le sujet crispe aujourd’hui beaucoup plus d’acteurs dont la vision et les intérêts divergent, notamment sur la problématique du respect du comportement naturel de l’espèce, peu compatible avec les objectifs d’élevage et de production alimentaire.
François-Régis Huet, l’éleveur, relève que les médias ont porté ce sujet du bien-être à la connaissance d’un grand public qui réagit en émettant une opinion sans connaître le contexte technique ou économique de production.
« Le citoyen va avoir beaucoup d’attentes mais il ne fera pas suivre ses intentions par des actes en tant que consommateur au moment de l’achat ».
Les parties s’entendent donc sur l’opportunité d’une montée en gamme de la production sans toutefois valider l’acceptation du consommateur face à une valorisation du prix en conséquence.
L’adhésion de la profession à une nouvelle forme d’élevage passe donc par de nouveaux investissements en parallèle de la poursuite de l’activité et qui nécessiterait l’accompagnement des pouvoirs publics.
La filière planche sur des possibilités de labelliser le bien-être au même titre que certains labels de qualité déjà existants.
En attendant de savoir comment traduire cette attente sociétale sur le plan commercial, les éleveurs exercent leur métier dans le respect des réglementations officielles.
Source : Podcast Terre et vie Le bien-être animal, un enjeu sociétal.