Comprendre les enjeux de l'agriculture

 

Samir Abdelkrim, expert de l’Afrique innovante, nous livre sa vision du continent africain et de ses richesses entrepreneuriales, notamment à travers les startups qui portent une partie importante du développement des territoires et des populations.

En 2013, il projette de partir à la découverte de quelques pays africains pour comprendre leur écosystème face aux nouvelles technologies, tandis que la French Tech occupe les médias.

Après une levée de fonds réussie sur la plateforme Ulule, il part avec sa casquette de blogueur et commence son voyage par la ville de Dakar qui héberge déjà à cette époque ses premiers incubateurs, espaces de coworking et startups.

Initialement prévu pour quelques mois en Afrique de l’ouest, ce projet de voyage va se transformer en un périple de 3 ans dans 30 pays africains : Afrique anglophone, Afrique australe, Afrique du nord…

Sollicité par la presse internationale, il partagera régulièrement ses expériences et découvertes au fil des rencontres, avant de publier un livre : « Startup Lions », qui tente d’expliquer d’où vient ce sens aigu de l’initiative africaine et quelles sont les motivations pour organiser un futur digital face à la déferlante GAFA.

African Tech, du potentiel

Longtemps rattachée à la Silicon Valley, la Tech se développe désormais sur d’autres continents, Inde, Chine… et l’Afrique.

L’émergence de ce potentiel technologique passe un peu sous les radars des observateurs internationaux qui persistent à voir l’Afrique comme un terrain de prospection alors qu’elle entame son propre essor.

L’African Tech, c’est ce nouveau destin qu’elle veut s’offrir à travers le développement d’un digital inclusif en faveur de sa population, pour lui assurer santé, éducation, agriculture et énergie.

Le poids des startups

Les startups en Afrique, ce sont 2 milliards de dollars de fonds levés en 2019 (contre 500 millions en 2017) selon le dernier rapport de PARTECH, la preuve qu’il ne s’agit plus d’un phénomène mais d’une structuration durable du tissu économique africain.

Ce rapport permet de dresser un portrait du secteur de la startup :

· 37% des fonds pour les startups du Nigéria ;

· 41% des fonds pour les startups de la Fin Tech ;

· 13% des fonds pour les startups dont le (co)fondateur est une femme.

 

Parmi les opérations notables, citons Apollo Agriculture qui a levé plus de 7 millions de dollars pour son service aux agriculteurs qui regroupe des prestations de gestion : financement, intrants agricoles, conseils, assurance et accès au marché.

Ou encore WeFarm, avec une levée de 13 millions de dollars, qui connecte une communauté agricole de plus de 2 millions de producteurs pour échanger et développer leur business. Un service accessible y compris sans internet, via des sms.

Pourquoi une telle attractivité ?

Samir Abdelkrim explique que l’Afrique est composé d’immenses et nombreuses zones off-grids dans lesquelles ces startups font le job à la place des États, à l’image de M-Kopa qui déploie ses kits solaires dans les bidonvilles de Nairobi non raccordés et leur permet l’achat d’électricité à la journée via des SMS. Un confort de quelques heures qui permet aux enfants de faire leurs devoirs ou aux adultes de recharger leur smartphone.

 

L’exercice des compétences publiques, telles que nous les connaissons en Europe est perfectible, voire inexistant. Des entrepreneurs africains occupent cette responsabilité et utilisent la Tech pour apporter du service aux populations.

En Éthiopie, Safe Delivery App apporte conseils et informations aux sages-femmes pour réduire une des mortalités infantiles les plus élevées d’Afrique (56 décès pour 1000 naissances).

Au Cameroun, des startups fabriquent

des dispositifs médicaux pour les hôpitaux locaux à l’aide d’imprimantes 3D.

Et les investisseurs viennent entretenir cet engouement. Ils ont compris qu’une startup qui réussit en Afrique a du potentiel pour un déploiement au-delà des frontières africaines, vers d’autres continents et pays confrontés à des défis similaires, l’Inde par exemple.

La startup africaine, un modèle inspirant

Que doit-on retenir de ces startups africaines innovantes ? Sans doute leur capacité à transformer les obstacles en sources d’innovation, à faire preuve de résilience dans les périodes difficiles comme la pandémie que nous vivons actuellement.

Elles sont agiles et construisent des offres dans un environnement fortement contraint. Leur apparente fragilité est trompeuse. Même si elles disposent de peu de protection sociale, les startups africaines démarrent très souvent sans aucune aide et adoptent un mode de fonctionnement à très faible coût qui garantit leur survie.

Les populations utilisatrices elles-mêmes font preuve d’opportunisme en fonction des besoins. Ainsi MPESA, une application initialement destinée aux sociétés de micro-crédits désireuses de transférer les fonds à leurs clients, a été adoptée par les particuliers pour leurs propres besoins. En 2019, 40 millions d’usagers, dont certains n’ont pas accès aux services bancaires classiques, ont effectué 12 milliards de transactions via cette application.

Il faut noter que l’Afrique est très en avance sur le développement des services en ligne pour la vie quotidienne (paiement, santé, …), un écosystème qui s’avère très favorable à l’émergence de nouvelles solutions digitales innovantes proposées par les startups.

 

 

 

Emerger à l’international

L’objectif est de poursuivre cette poussée innovante dont se saisissent les startupers africains pour développer les activités à l’international.

Pour soutenir cet objectif, Samir Abdelkrim a fondé en 2017 EMERGING VALLEY, un sommet international sur l’innovation africaine et les technologies émergentes dont la prochaine édition se tiendra les 7 et 8 avril prochains au Palais du Pharo, à Marseille. Au programme, 1350 participants, 130 intervenants, 140 startups, 50 investisseurs et 45 pays représentés qui échangeront sur des thèmes E-santé, Biodiversité, AgriTech, Territoires Résilients et Industries culturelles et créatives.

L’engouement des organisateurs d’évènements à inscrire l’African Tech au menu de leurs programmes de manifestations en 2021 traduit l’importance de la technologie africaine promue par un nombre grandissant de startups.

L’Afrique devra veiller à garder la main sur ce joyau économique soutenu par des investisseurs africains, mais aussi étrangers. En savoir plus sur :

https://siecledigital.fr/2020/09/04/afrique-innovation-culture-numerique/