Comprendre les enjeux de l'agriculture

L’Innovation est à jamais le cheval de bataille de toute entreprise en quête de croissance et
de développement. Elle est devenue même incontournable pour toute entreprise qui souhaite
garantir sa compétitivité et sa pérennité, surtout en période de crise. L’entreprise Marocaine
doit la mettre au centre de ses priorités stratégiques et s’y mettre dès la reprise, après le
confinement, pour rattraper la concurrence, préparer le monde de demain et se placer en tête
du peloton. L’innovation n’est pas l’apanage des grandes entreprises. Toute entreprise, quelle
que soit sa taille, peut y prétendre à condition d’y croire et de mobiliser tous les collaborateurs
de l’entreprise autour d’elle comme un projet fédérateur. Je ne parle pas ici de l’innovation
dite institutionnelle qui provient de la recherche & développement, qui nécessite des moyens
importants, des partenariats avec les universités et les instituts de recherche et du temps pour
la mettre en œuvre, mais de l’innovation dite participative. L’innovation participative peut
être définie comme étant « une démarche organisée par laquelle l’entreprise développe et
valorise l’initiative et la créativité de ses collaborateurs ». Chaque collaborateur quel que soit
son niveau et sa position au sein de l’entreprise, possède un gisement d’idées qui pourraient
être exploitées au service du développement de l’entreprise,si le management de l’entreprise
lui ouvre la voie, le considère comme une pièce maitresse dans la dynamique du changement
et met à sa disposition les moyens et les processus adéquats.

Comment mettre en place une démarche d’innovation participative ?

Le Maroc est un pays de créateurs, sauf qu’ils ne sont pas bien reconnus et encouragés.
L’entreprise doit être consciente du gisement que constitue son capital humain en matière
d’innovation et peut profiter de ce moment propice et de l’élan de solidarité qu’a généré la
pandémie pour reprendre ses activités tout en se lançant dans l’innovation participative. Pour
ce faire, le management de l’entreprise doit mettre en place une démarche s’articulant autour
des points suivants :

1°) mise en place d’un processus formel d’innovation participative comprenant toutes les
étapes depuis la déclaration d’engagement, jusqu’à l’application de l’idée, la reconnaissance
des auteurs et la clôture du dossier ;

2°) déclaration d’engagement de la Direction Générale de l’entreprise et de sa volonté à faire
appel à tous ses collaborateurs, dans un esprit d’intelligence collective, pour les mettre à
contribution dans toutes les actions d’amélioration, de progrès et de développement ;

2°) lancement d’une campagne de communication interne expliquant la démarche
d’innovation participative, ses processus et la volonté de la Direction Générale de faire
participer l’ensemble des collaborateurs à la conduite du changement, au développement de
l’entreprise par la proposition d’idées pouvant aboutir à une application et avoir un impact,
de faire en sorte à ce que ces idées soient appliquées pour créer du nouveau profitable et de
veiller à la reconnaissance de leurs auteurs. Cette compagne de communication doit être une

occasion pour le dialogue, la création du « mindset » innovation au sein de l’entreprise, la
mobilisation des collaborateurs autour du projet pour susciter l’adhésion, et l’explication de
la démarche et des processus.

Le projet Innovation Participative doit être accompagné par des actions de formation et de
sensibilisation pendant ses trois phases de démarrage, de mise en œuvre et de consolidation.
La sensibilisation doit être à même de rappeler à chaque collaborateur qu’il est détenteur d’un
gisement d’idées inexploités qu’il pourrait mettre au service du développement de son
entreprise, que garder ses idées pour soi est sans valeur et que la richesse et l’enrichissement
mutuel est dans le partage.

L’innovation participative, en plus du fait qu’elle exploite un gisement inépuisable d’idées, est
qu’elle peut être spontanée ou provoquée. L’innovation spontanée laisse la liberté au
collaborateur de proposer une idée quand il veut et relativement à n’importe quel domaine,
même en dehors de son activité quotidienne. Alors que, l’innovation provoquée fait appel aux
collaborateurs à proposer des idées relativement à des challenges que lance la Direction
Générale ou n’importe quel service de l’entreprise en relation avec des problématiques ou
des sujets bien déterminés.

Les clés de réussite de l’innovation participative :

La réussite du projet d’innovation participative est tributaire de l’engagement des dirigeants
de l’entreprise, de leur implication dans le processus et de leur prédisposition au respects des
règles suivantes :

– aménagement d’espaces dédiés à l’innovation participative où les collaborateurs
peuvent se retrouver en dehors de leurs activités quotidiennes pour échanger, discuter
et formuler leurs idées. Des innovacteurs (accompagnateurs de l’innovation
participative) peuvent les aider et les accompagner pour mieux formuler leurs idées ;
– le manager ne peut, en aucun cas, donner son avis ou bloquer une idée. Toute idée
générée par un collaborateur doit nécessairement arriver au Comité de Sélection qui
est seul habilité à donner un avis,
– L’avis du Comité de Sélection doit parvenir au collaborateur à l’origine de l’idée, par
écrit, dans le temps impartis tel que défini dans le processus. Toute idée retenue doit
être appliquée et son auteur doit être informé de l’application et de l’état
d’avancement de sa mise en oeuvre,
– La reconnaissance des auteurs des idées doit être célébrée de façon périodique lors
cérémonies dédiées, et les auteurs des idées réalisées doivent être récompensés.
La force de l’innovation participative est qu’elle favorise la confiance. Elle permet
l’épanouissement des collaborateurs, le renforcement de leur esprit d’appartenance et
l’émergence de potentialités.

L’innovation n’est pas l’apanage des diplômés, toute personne peut innover s’il y’a un climat
favorable et des incitations. Claude Levis Strauss dans son livre « La pensée sauvage » fait la
différence entre ce qu’il appelle les « bricoleurs » et les « ingénieurs » ou les « savants ». Si
l’on demande aux deux communautés de venir avec une solution à un problème donné. Les
ingénieurs vont mobiliser les moyens nécessaires pour venir avec une solution idéale, alors
que les bricoleurs vont mobiliser les moyens dont ils disposent pour venir avec la solution
adéquate !

Auteur : Dr Abdelaâli KOSSIR, Directeur du Technology Transfer Office, Université Mohammed VI Polytechnique.