Comprendre les enjeux de l'agriculture

En même temps qu’il annonçait, la semaine dernière, une augmentation à 25% des tarifs douaniers sur $ 200 milliards d’importations de produits chinois,  Donald Trump décidait, pour calmer les inquiétudes des fermiers américains, d’acheter leurs surplus pour les offrir aux pays victimes de la faim. L’annonce n’a pas empêché la chute des cours du soja, principal produit concerné par la guerre commerciale sino-américaine, de continuer à baisser. L’an dernier, le gouvernement américain avait débloqué une aide de $ 12 milliards au profit des fermiers dont 7,2 pour les cultivateurs de soja. Il avait aussi acheté pour $ 1,2 milliard de denrées distribuées à titre humanitaire dans le monde. En 2020, les stocks de soja américains atteindront un volume faramineux : 26,4 millions de tonnes, soit quatre fois leur moyenne habituelle. Cependant, offrir tout ou partie de ces stocks n’est pas une mince affaire. En 2017, le gouvernement n’avait réussi à offrir que 1,8 million de tonnes d’aide alimentaire à 63 pays. La difficulté réside dans le fait que le gros de la production américaine de fèves de soja jaune est impropre à la consommation humaine. Il est transformable en nourriture pour animaux. L’avenir du soja américain est d’autant plus sombre que les pays récipiendaires de l’aide  de Washington n’ont souvent pas d’infrastructures de stockage pour éviter que le soja offert ne pourrisse. Ensuite, le Brésil et l’Argentine ont accumulé de gros stocks de soja pour bénéficier de l’aubaine que constitue la dispute sino-américaine. Enfin, la fièvre porcine qui décime  les troupeaux de porc chinois, aboutit  à une réduction de la demande de soja de 42 millions de tonnes d’ici 2020. Cette fois-ci, ce sont les producteurs de porc américains qui se frottent les mains : ils espèrent accroître considérablement leurs ventes de viande porcine aux Chinois !

Source : ft.com