Le Sénat brésilien doit se prononcer, ce mois ci, sur une possible levée de l’interdiction de la production de canne à sucre comme carburant en Amazonie. Le projet est soutenu par le président du Brésil, Michel Temer et il est porté par la sénatrice Flexa Ribeiro, du parti social-démocrate brésilien de centre-droit, qui représente l’État amazonien du Pará, une circonscription rurale. Selon elle, le projet de loi apportera la croissance économique dans les régions économiquement faibles.« Pas un seul arbre ne tombera. Au contraire, nous apportons plus d’activités économiques dans les zones vulnérables et donc plus d’emplois pour la population extrêmement fragile de cette région. Nous parlons de création d’emplois et de revenus », a-t-elle assuré, ajoutant que « ceux qui sont contre le projet ne connaissent pas la région et ne savent pas qu’il s’agit d’un problème économique ».
Curieusement, l’Association de l’industrie de la canne à sucre n’y est pas favorable. Elle craint qu’une telle loi ait un impact très négatif sur l’image du secteur. « En modifiant les directives de répartition du territoire, le projet de loi 626/2011 pourrait augmenter fortement la pression en faveur de la déforestation en Amazonie », a déclaré l’association dans un communiqué. Mais le projet de loi est surtout contesté par les milieux écologistes. Izabella Teixeira, une ancienne ministre de l’Environnement et cheffe de la délégation brésilienne à la COP21, a pour sa part estimé que le projet de loi « met en péril la politique brésilienne en matière de biocarburants, tout comme les engagements de RenovaBio et du Brésil dans le cadre de l’Accord de Paris ». « L’éthanol brésilien n’a pas besoin de ça. C’est plus qu’un pas en arrière, c’est une honte », a-t-elle déclaré. Un sentiment partagé par 59 ONG qui demandent dans une lettre ouverte que le projet de loi soit abandonné et envoyé « à son lieu de repos acceptable : les archives »
MB Socopag