Comprendre les enjeux de l'agriculture

Faire pousser des métaux dans les champs peut-être plus rentable que de les extraire des mines. Avec à la clé une dépollution des sols. L’agromine a un bel avenir.
WillAgri

Des dizaines de variétés de plantes hyperaccumulatrices d’éléments minéraux pourraient être cultivées pour produire, par exemple, du nickel, du zinc, du fer ou du cuivre sous forme organique. Ces cultures s’intégreraient alors dans les assolements et la biomasse produite serait convertible en énergie.

En Europe, il existe des milliers de kilomètres carrés de sols pourvus en éléments métalliques et actuellement impropres à la culture. Or, en implantant des plantes hyperaccumulatrices sur d’anciennes friches industrielles ou d’anciens terrains miniers, aptes à absorber des quantités très importantes d’éléments métalliques (cuivre, zinc par exemple) sous forme minérale, les terres redeviendraient alors productives. Le potentiel agronomique des sols pollués serait restauré et les terrains redeviendraient même constructibles.

Une fois les plantes moissonnées ou arrachées, le procédé de transformation est le suivant. Les dérivés métalliques concentrés dans les plantes sont extraits des plantes hyperaccumultrices , puis sont minéralisés et transformés en barres et en lingots. Les rendements de ces cultures sont estimés en kilogrammes équivalent de minéraux et en taux de concentration (quantité de minéraux en pour cent de matière sèche) par exemple.

L’agromine est la science qui étudie les plantes hyperaccumulatrices. La recherche a isolé plus de 1000 plantes aptes à accumuler dans leurs tissus (tiges, feuilles, racines) des métaux à des taux de concentration cent fois supérieurs aux plantes ordinaires.

Jusqu’à 20 éléments différents (aluminium, cadmium, cobalt, manganèse, nickel, zinc, terres rares…)  peuvent être absorbés par les variétés de plantes hyperaccumulatrices connues. Et certaines variétés de plantes contiennent jusqu’à 3 % de matière sèche concentrée en nickel contre moins de 1 % dans les mines les plus riches de la planète (en Nouvelle-Calédonie par exemple). La sève bleue du Pycnandra acuminata, une espèce d’arbre, stocke l’équivalent de 20 % de son poids sec en nickel.

Evidemment, aucune plante n’absorbera du plomb pour le transformer en or ! Mais les végétaux qui stockent des minéraux rares (lithium, cadmium par exemple) présenteront un intérêt économique particulier car ils permettront de recycler ces atomes difficilement extractibles dans la nature.

Ainsi, la connaissance de la biologie des plantes hyperaccumulatrices ouvre d’importantes opportunités agronomiques et économiques. Toutefois, il ne sera pas possible de cultiver n’importe quelle variété de plantes dans n’importe quel sol. Le choix dépendra de sa composition chimique et du climat!

Mais un assolement “blé, orge, cuivre, colza, nickel” est tout à fait envisageable dans quelques années dans les régions où les agriculteurs spécialisés « grandes cultures métalliques » exploitent des terres très riches en éléments métalliques. Ils auront pour cela introduit dans leur rotation des cultures adaptées au terrain cultivé, aptes à absorber des quantités très importantes d’éléments métalliques (cuivre, zinc par exemple) sous forme minérale.

La culture de plantes hyperaccumulatrices à grande échelle pourra aussi se substituer à l’industrie minière polluante et valoriser des gisements pauvres en minéraux. Pour extraire le nickel dans les mines de Nouvelle Calédonie, des milliers d’hectares de sols latéritiques sont aujourd’hui systématiquement décapés.

Dans les anciennes friches industrielles, les plantes hyperaccumulatrices cultivées dépollueront les sols et limiteront la contamination des nappes phréatiques profondes. Elles empêcheront ainsi le transfert de polluants dans la chaîne alimentaire (par l’eau, les herbivores et la microfaune).

L’agromine représente ainsi un enjeu environnemental important pour utiliser à bon escient les ressources en métal présentes dans les sols tout en préservant la planète. Elle sera un élément moteur pour développer l’économie circulaire dans l’industrie métallurgique. Dans un proche avenir, l’approvisionnement des entreprises reposera en partie sur ces ressources « agrominiques ».

1 Biographie de Frédéric Hénin
Frédéric Hénin1

Frédéric Hénin est journaliste Agricole
Il a notamment été enseignant agricole en sciences économiques, gestion et droit rural puis ingénieur-conseil en centre de gestion. Après neuf ans de journalisme économique à La France Agricole, il a rejoint Terre-net Média en 2008, comme chef de rubrique “politique agricole et économie-gestion” puis rédacteur en chef.
En savoir plus : www.agromine.org  (site expliquant les principes de l’agromine).

Alyssum murales

Notre photo ci-dessous montre des Alyssum murales, plantes fleuries particulièrement efficaces pour l’extraction du nickel :

En savoir plus sur Alyssum murale

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