Découverts en 2015, par une équipe du CNRS, les micro-peptides, dont l’utilisation en est encore à ses débuts, sont des petites protéines capables de stimuler la croissance des plantes et, surtout, de renforcer leur résistance aux changements climatiques, aux fortes chaleurs et aux pathogènes. Les « micro-peps » présentent, en outre, l’avantage de réduire considérablement l’usage des engrais et des pesticides. Elles sont appelées à devenir un précieux outil de l’agriculture de précision.
Willagri
En 2015, une équipe de biologistes du CNRS de Toulouse a découvert que des micro-peptides, des petites protéines naturelles contenues dans les plantes, agissent puissamment sur leur développement. Ce sont des stimulants ou des inhibiteurs naturels de croissance.
Semer tôt au printemps sans compromettre la germination des graines, accélérer la croissance des plantes pour les rendre moins vulnérables aux fortes chaleurs… Quel agriculteur n’a pas souhaité être moins dépendant des conditions climatiques pour cultiver ses champs ?
La recherche génétique et la sélection végétale sont certes sources de progrès importants en termes de rendements et de qualité des récoltes. Mais aucun engrais, ni pesticide n’ont le pouvoir d’accélérer la croissance des végétaux en compensant des chutes de températures ou des déficits de précipitations.
Seules quelques pratiques agricoles, fort empiriques, stimulent la croissance des plantes même à faibles températures. Le varech, par exemple, a longtemps été épandu pour accélérer la croissance des cultures de pommes de terre primeurs.
Mais depuis 2015, une équipe de biologistes du CNRS de Toulouse a montré que des micro-peptides, autrement dit des petites protéines composées de quelques dizaines d’acides aminés, contenus dans les plantes, agissent puissamment sur leur développement. Ces molécules étaient très longtemps ignorées en raison de leur taille et surtout, leur mode d’action n’était pas encore compris.
Aujourd’hui les chercheurs ont compris que ces micro-peptides ont tous une fonction spécifique. Certains sont des stimulants naturels de croissance, d’autres en sont des inhibiteurs. Certaines petites protéines augmentent aussi les défenses naturelles des végétaux contre les pathogènes.
Des micro-peptides favorisent ainsi la germination des grains de maïs-semence à des températures plus basses qu’à l’accoutumée. Les plantes se développent alors plus rapidement dès le mois de mars et elles s’enracinent mieux pour faire face aux fortes chaleurs. En conséquence, les épis pourraient alors être récoltés juste à la fin de l’été, quand les terrains restent praticables.
Prochainement, l’enrobage des fèves de soja d’une poudre contenant un autre micro-peptide spécifique, déjà testé en laboratoire, stimulera la symbiose bactérienne de la plante au niveau des racines. En captant plus rapidement l’azote atmosphérique, le végétal croîtra facilement et le rendement en fèves sera meilleur.
Depuis que le rôle des micro-peptides a été découvert, un nouveau pool de recherche fondamentale et appliquée se développe. Les principaux résultats connus à ce jour ont été obtenus en laboratoire dans des conditions expérimentales bien précises. Mais dès qu’un processus est bien maitrisé, la fabrication des biostimulants au stade industriel est enclenchée, tant les enjeux écologiques et économiques sont importants.
L’entreprise toulousaine MicroPep « a justement pour ambition de développer des biostimulants et des herbicides naturels grâce à des molécules permettant de réguler le métabolisme des plantes ».
On devine aisément que ces micro-peptides, accélérateurs ou inhibiteurs naturels de croissance, réduiront au final l’emploi d’engrais et de produits phytosanitaires. Mais la gamme de micro-peptides disponibles doit être étoffée et la fonction de chacun d’eux bien identifiée.
En attendant, leurs différents emplois s’inscrivent totalement dans la volonté de développer une agriculture écologiquement intensive. Mais le volume de production de micro-peptides est encore confidentiel.
1 Biographie de Frédéric Hénin
Frédéric Hénin1
Frédéric Hénin est journaliste Agricole
Il a notamment été enseignant agricole en sciences économiques, gestion et droit rural puis ingénieur-conseil en centre de gestion. Après neuf ans de journalisme économique à La France Agricole, il a rejoint Terre-net Média en 2008, comme chef de rubrique “politique agricole et économie-gestion” puis rédacteur en chef.
Les animaux aussi
« Pour l’heure, on a trouvé des MicroPep seulement chez les végétaux. Mais rien n’indique qu’ils n’existent pas aussi chez l’homme et l’animal, écrit Kheira Bettayeb sur le site lejournal.cnrs.fr. Si cela se confirmait, les applications en santé pourraient être innombrables ».
« Chez les animaux et chez l’homme, de nombreuses pathologies comme les cancers peuvent être liées à une production anormale de microARNs. Or les MicroPep se révèlent être un outil très pointu permettant justement d’intervenir au niveau des microARN, indique Jean-Philippe Combier, co-découvreur des micropeptides en 2015. On pourrait également imaginer « booster la production de tissus endommagés, entre autres développements ».
En savoir plus :
www.micro-pep.com
Le journal CNRS : Des mini-protéines pour booster les gènes