Comprendre les enjeux de l'agriculture

La Chine est le moteur de la demande mondiale de soja. Le pays qui dépend à plus de 80 % du marché international pour ses besoins de consommation pourrait connaître cette année une perturbation de son approvisionnement depuis les USA.

Alors que Donald Trump vient de prendre ses fonctions , le marché du soja retient son souffle. Entre fébrilité et inquiétudes, les acteurs du marché attendent les premières annonces du nouveau dirigeant, susceptibles de déclencher un nouvel épisode de la guerre commerciale avec la Chine…

Si l’heure est à l’inquiétude sur le marché, c’est parce que le soja pourrait être pris encore une fois dans le feu de l’escalade tarifaire entre la Chine et les USA. Donald Trump a en effet fait de l’imposition des droits de douane un axe majeur de sa politique commerciale annonçant une surtaxe globale de 10 à 20 % sur l’ensemble des produits étrangers importés par les USA et promettant d’aller jusqu’à 60 % pour certaines marchandises en provenance de la Chine. De quoi rappeler de mauvais souvenirs sur le marché.

En effet, au plus fort de la bataille tarifaire entre les deux pays en 2018-2019, la graine avait déjà été l’une des principales matières premières touchées par des mesures de riposte de l’empire du Milieu.

En réponse aux impositions de l’administration Trump, la Chine avait imposé un tarif de 25 % sur le soja américain. Cette situation a conduit à la baisse drastique des exportations américaines vers la Chine.

Anticipant la répétition de ce scénario, Reuters rapporte que les acheteurs chinois ont acquis plus de volume de soja que la normale depuis les USA sur les derniers mois de 2024 dans le sillage des importations record sur l’année qui ont atteint 105 millions de tonnes, soit 6,5 % de plus qu’un an plus tôt, selon des données des Douanes chinoises relayées par Reuters.

En attendant que la nouvelle administration Trump ne tire les premiers coups de canon de cette nouvelle guerre commerciale, les analystes estiment que le Brésil et l’Argentine devraient être à nouveau les principaux gagnants d’un potentiel ralentissement de la demande chinoise pour le soja américain. Il y a 6 ans, ces deux pays avaient déjà profité de la situation pour accroître leurs ventes vers l’empire du Milieu. Dans la foulée, le Brésil est devenu le premier exportateur de soja vers la Chine.

Durant l’année écoulée, en 2024, les cours du soja ont connu une baisse de 22,8 % sur la Chicago Board of Trade (CBoT) pénalisés par l’abondance de la récolte aux USA et celle attendue au Brésil.

Pour l’année 2025, l’importance des stocks mondiaux devrait à nouveau être défavorable pour les cours selon plusieurs analystes. Déjà la demande en soja de la Chine est prévue pour baisser cette année, en raison de la faiblesse des marges des transformateurs, (différence entre le prix d’achat la matière première et la vente de ses dérivés comme l’huile et les tourteaux) qui devrait réduire globalement les achats du pays. Si l’on ajoute à ce contexte, les répercussions de la guerre commerciale, les perspectives pour les prix s’assombrissent un peu plus. Au cœur de la bataille tarifaire entre les USA et la Chine, les prix du soja avaient baissé à leur plus bas niveau depuis 2009 en juillet 2018 sur la CBoT.

Selon les prévisions de la firme BMI Research, filiale de Fitch Solutions, la faible demande anticipée en Chine devrait atténuer l’impact de l’escalade tarifaire sur les prix mondiaux. Quoi qu’il en soit, il est déjà certain que le marché du soja sera mouvementé dans les prochains mois.

 

Source : Agece Ecofin