Le commerce mondial de produits agricoles et alimentaires a quintuplé de 2020 à 2022, passant de $ 400 milliards à $ 1 900 milliards. Exprimé en valeur énergétique, Il est passé de 930 kcal par personne et par jour en 2000 à 1 640 en 2021. Cet accroissement exponentiel n’est pas sans poser de sérieux problèmes à la planète. Parmi ces derniers, citons l’appauvrissement en ressources naturelles de la planère ou le creusement des inégalités au détriment des pays pauvres dont l’agriculture n’est pas concurrentielle. L’édition 2024 de La situation des marchés des produits agricoles (SOCO) examine les effets complexes de cette forte croissance des échanges alimentaires internationaux sur la nutrition et les politiques commerciales.
À mesure que les pays se développent, la part de l’agriculture dans le PIB diminue. Au cours des dernières décennies, le PIB moyen par habitant est passé de $ 5 517 en 2000 à $ 12 688 en 2022, alors que la part de l’emploi agricole est passée, dans la même période de 40 à 26%.
Cette évolution s’accompagne d’une plus grande urbanisation, d’une intégration croissante aux marchés mondiaux et de changements dans les habitudes alimentaires. Un des effets les plus spectaculaires de cette transition nutritionnelle est de basculement, dans les pays en développement de la sous-nutrition à l’obésité. La prévalence de la sous-alimentation est passée de de 12,7% à 9,2% entre 2020 et 2022. La prévalence de l’obésité mondiale est, elle, passée de 8,7% en 2020 à 15,8% en 2022.
Augmentation de 35% la quantité d’énergie alimentaire
L’augmentation des revenus est la cause majeure des changements de comportements alimentaires. Les plus pauvres consommant plus d’aliments caloriques à faible valeur nutritionnelle et les plus nantis achetant plus de viande et de légumes frais. La diversification des habitudes alimentaires s’accompagne de la montée de la consommation de produits ultra transformés, cause d’obésité entre autres.
« De 1961 à 2021, la quantité moyenne d’énergie alimentaire disponible pour la consommation humaine mondiale a augmenté de près de 35 pour cent, passant de 2 200 à 2 980 calories par personne et par jour. À l’échelle mondiale, durant la même période, la part des aliments de base dans la disponibilité énergétique alimentaire est passée de 57,4 à 48,4 pour cent, tandis que la part des aliments d’origine animale est passée de 12,2 à 15,1 pour cent et celle des matières grasses et des huiles est passée de 8,4 à 12,7 pour cent. » peut-on lire dans le rapport.
La part des aliments de base dans le commerce mondial a diminué de 48 à 42% entre 2000 et 2021. En sens inverse, la part des matières grasses a augmenté. Enfin, la part des produits d’origine animale et fruits et légumes est restée stable.
Doublement du nombre de produits alimentaires disponibles
La mesure du nombre d’aliments produits et du nombre consommés dans chaque pays éclaire l’incidence du commerce international sur la diversité des produits disponibles d’un pays à l’autre. Par exemple, en 2020, la Chine a produit 320 produits différents tandis que certains micro-pays n’en produisaient que 15 !
En 2020, les pays produisaient en moyenne 120 produits alors que le nombre de produits disponibles pour l’alimentation humaine à l’échelle mondiale s’élevait à 225. Le commerce mondial a abouti à la multiplication par deux, en moyenne des produits disponibles dans chaque pays, alors que le nombre d’aliments produits a peu varié.
En règle générale, la libéralisation du commerce et la réduction des tarifs douaniers améliore et accroit la diversité des produits disponibles. Cette libéralisation n’a pas d’effet notable sur les prix des produits à forte densité énergétique et faible valeur nutritionnelle.
La libéralisation des échanges accroît la disponibilité des produits ultratransformés et contribue à la forte prévalence mondiale de l’obésité. En effet, une augmentation de 1% du revenu dans un pays donné se traduit par une augmentation de la demande d’importation de 1,2% des produits transformés et de 1,1% des produits ultratransformés.
Pour que le commerce international améliore la nutrition, il est essentiel que les négociations et accords entre pays se déroulent de façon transparente. Ils doivent, en particulier assurer la cohérence entre les objectifs commerciaux et les exigences d’une nutrition saine et diversifiée.
SOURCE : FAO. 2024. Résumé de La Situation des marchés des produits agricoles 2024.
Commerce international et nutrition: plus de cohérence entre les politiques pour une alimentation saine. Rome.
https://doi.org/10.4060/cd3094fr