Le sujet date mais le projet de dépénalisation de cette culture à des fins médicales et industrielles relance le débat.
Quels sont les enjeux de l’adoption par le Parlement de cette proposition ?
Quatre experts ont été sollicités pour donner leur avis sur la question :
- Abdellatif Adebibe, président de la Confédération des associations du Sanhaja du Rif ;
- Aziz Daouda, directeur technique de la Confédération africaine d’athlétisme ;
- Khalid Ben Omar, ancien directeur à l’Agence pour la promotion et le développement du Nord (APDN) ;
- Abderrahmane Benameur, agriculteur.
Ces acteurs rappellent que la culture du cannabis a toujours existé et qu’elle a permis d’alimenter de nombreux secteurs : pharmacie, construction, papeterie, habillement…
Sous le protectorat français, la filière agricole est devenue hors-la-loi. Les zones de production se sont déplacées au nord du pays.
A la fin du protectorat, les quelques communes du Rif encore productrices ont vu la multiplication de la demande par dix. Elles sont aujourd’hui 100 communes productrices peuvent capter jusqu’à 80% du marché européen.
Face à cette monoculture et à la perte des autres savoir-faire, l’État a décidé de soutenir une politique de désenclavement en mettant en place des coopératives pour réorganiser d’autres productions et activités de transformation.
Aujourd’hui, le cannabis exporté à usage récréatif n’est pas autorisé alors que c’est le plus profitable économiquement.
Pour Khalid Ben Omar, si le texte de loi se concentre sur l’autorisation du cannabis uniquement à visée médicale et sous un format pharmaceutique, le potentiel est limité car la filière est loin d’être opérationnelle notamment en termes de recherche et de transformation. Le cannabis combustible à visée médicale est beaucoup plus demandé mais sa proximité avec un usage récréatif le pénalise.
Pour Aziz Daouda, l’exemple canadien prouve, au contraire, que la filière pharmaceutique est prometteuse si elle s’organise au niveau du Maroc. Pour lui, l’intérêt grandissant des acteurs dans ce domaine démontre le fort potentiel du marché pharmaceutique.
Le Maroc doit être prêt à orienter sa stratégie en ce sens :
- Se concentrer sur la recherche et les débouchés de cette culture ;
- Restructurer les exploitations agricoles pour leur permettre de produire plus.
Le projet de loi prévoit, via la création d’une nouvelle agence nationale, la régulation de toute la chaîne de production. Il faudra sortir les producteurs de l’illégalité et organiser les nouveaux circuits. L’enjeu est de taille : 100.000 familles vivent de cette culture et le Maroc reste le premier producteur mondial avec 700 tonnes par an.
Sources : Media24 et Euronews