Le continent africain attire les industries agrochimiques malmenées par les réglementations restrictives de l’hémisphère nord. Avec seulement 2 à 6% du marché mondial des pesticides, l’Afrique est un important client potentiel. Elle connaît une croissance démographique forte et se retrouve confrontée à l’insécurité alimentaire.
La productivité agricole, dopée aux pesticides, apparaît comme la solution face au chômage et au risque de famine. L’ONG Public Eye estime que 7500 tonnes de pesticides contenant des substances interdites en Europe, sont importées de l’UE.
Dans certains pays d’Afrique, comme à Kinshasa ou en République du Congo, le maraîchage occupe toutes les classes sociales, y compris celle de l’élite diplômée. Ils seraient 100.000 kinois à cultiver un lopin, usant de pesticides pour tirer le maximum de leur surface cultivée.
Cet usage massif est une préoccupation sanitaire et écologique pour les autorités. Début 2020, le gouvernement a créé l’Agence congolaise de transition écologique et du développement durable (Actedd). Sa mission est de conduire la nécessaire transition agricole et écologique en République du Congo.
Jean de Dieu Minengu, professeur d’agronomie, a été nommé à la tête de cette agence. La lutte contre les pesticides fait partie de sa feuille de route. Il visite, sous escorte policière, les exploitations du pays, réalise un inventaire des usages agricoles et accompagne les agriculteurs vers des alternatives. Son objectif est de guider les cultivateurs vers les plantes pesticides comme le margousier ou le tournesol mexicain.
Dans la banlieue de Kinshasa, les maraîchers utilisent encore à 94% l’endosulfan, une substance bannie dans 80 pays dont la RDC. Les pesticides se vendent sur tous les marchés, reconditionnés et sans préconisations, à un prix abordable. Certains contiennent des substances neurotoxiques responsables de malformations ou de retard mental. Les pesticides autorisés sont vendus en magasins agréés mais coûtent 20 fois plus.
Kinshasa doit voir sa population passer de 15 à 30 millions d’ici 2050, un défi supplémentaire pour le projet de transition agricole et écologique congolais.
Source : Le Monde