Comprendre les enjeux de l'agriculture

Fin décembre 2019, le virus apparaît et balaye les principes qui régissent les marchés de la consommation des biens, services et denrées alimentaires.

Et comme si cela ne suffisait pas, les États, dans un souci de protection sociale et économique, viennent brouiller un peu plus les cartes par des soutiens financiers divers aux entreprises et aux ménages.

Ces mêmes ménages adoptent une posture inhabituelle, partagés entre immobilisme consumériste et achats compulsifs.

A l’arrivée, des annonces chiffrées en milliards dont nos esprits sont incapables de saisir l’ampleur et un mécanisme de l’offre et la demande qui n’est plus le maître des horloges.

Les répercussions diffèrent selon les continents. Tandis que les Européens se ruent sur des achats de conforts, les Africains peinent à accéder à des denrées alimentaires plus essentielles.

Le coronavirus provoque une importante crise économique mondiale comme le confirme la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED).

A la suite de la contraction de 4,3% du PIB mondial, l’organisme prédit une reprise de 4,1% pour 2021. Cette reprise laissera une grande partie de la population sur le bord de la route, des catégories déjà pauvres dont la pandémie aura aggravé la situation.

La nécessité de cette reprise accapare les États et les poussent à reléguer au second plan les actions amorcées dans le cadre du développement durable en faveur des populations.

Le taux de pauvreté, à 35,9% en 1990, ramené à 8,6% en 2018 a déjà atteint 8,8% au cours de l’année 2020 et devrait remonter en 2021.

Pour contrer la contagion, les Etats ont fait le choix de lignes dures adoucies par des systèmes sociaux malheureusement réservés à quelques-uns. Les autres absorbent un double tsunami, pandémie et restrictions, y compris au sein de pays riches : ménages pauvres, migrants, travailleurs informels, femmes …

Avec 13% de la population mondiale, l’Afrique héberge 53% de l’extrême pauvreté mondiale. Pour elle, la crise est restée économique avant d’être sanitaire. Et sur le plan sanitaire, les pays les moins avancés (PMA) ne seront pas mieux lotis à l’arrivée des vaccins.

Les décisions arbitraires ont stoppé les échanges de denrées mais pas la propagation du virus. Privé de revenus, chaque individu a bénéficié d’une aide au redémarrage variable selon son lieu de vie :

  • Pays développés : 1365 $ ;
  • Pays en développement : 76 $ ;
  • Pays les moins avancés : 18 $.

En Afrique subsaharienne, 80% des travailleurs n’ont même accès à aucune protection sociale ou aide à l’emploi.

Une maigre consolation réside dans la capacité des pays africains, et des Africains, à rester sobres, contrairement aux pays développés. Plus résilients, ils sont moins impactés (-2,1% contre -5,8%) et tablent sur une reprise plus favorable en 2021 (+5,7% contre +3,1%). Une reprise négative est même envisagée pour certains pays développés comme les États-Unis.

L’Afrique a aussi payé le prix d’une économie qui repose principalement sur le tourisme et les TPE et PME, deux catégories particulièrement touchées durant la pandémie et qui emploient des actifs plus vulnérables.

Dans ce contexte, les pays dépendants des importations et du tourisme se retrouvent le plus en difficulté sur le plan de la sécurité alimentaire. Les devises issues du tourisme leur permettent d’importer les denrées.

A l’arrivée du vaccin, une pandémie sociale va prendre le relais et poursuivre la dégradation de la situation économique des plus pauvres. Dans cette situation, les besoins les plus élémentaires tels que l’accès aux denrées alimentaires peut provoquer des tensions civiles.

L’ONU plaide en faveur d’une incitation à l’exploitation des terres arables africaines non exploitées, estimées entre 200 et 450 millions d’hectares et à une relocalisation des productions de denrées alimentaires dont une partie est actuellement importée pour 70 milliards de $.

Cette crise est la preuve que les échanges mondiaux compensent les pénuries et, à défaut, une production locale permet de maintenir la sécurité alimentaire et de contrer les effets inflationnistes constatés à chaque apparition de cluster épidémique.

La zone de libre-échange africaine, Zlecaf, qui doit voir le jour au 1er janvier 2021 devrait aussi permettre de compenser les effets des crises sanitaires ou économiques.

En parallèle, la question de l’effacement partiel de la dette africaine revient sur le devant de la scène. Elle a pour objectif de permettre aux pays touchés d’organiser leur reprise, en espérant que celle-ci s’opère vers un système respectueux des populations et des territoires.

Les politiques décidées à cet effet devront se coordonner sur un plan national mais aussi continental.

Source : ONU Info