Comprendre les enjeux de l'agriculture

4.    L’inclusion dans les politiques publiques

De plus en plus souvent, les femmes militent dans groupements et associations. Elles animent des réseaux qui s’attaquent aux conditions de la vie communautaire : hygiène, santé, éducation, accès à l’eau sont des questions privilégiées. Des politiques publiques positivement discriminantes demeurent toutefois indispensables pour corriger les inégalités originelles.

Pendant longtemps, ces politiques ont été menées sans que référence soit faite à la notion de genre. Un timide changement est intervenu autour des années 1990 sous la pression du mouvement des femmes, lorsque l’étendue des inégalités est apparue comme un facteur de blocage du développement, au point de devenir par la suite un point de focalisation tant des politiques que de la recherche académique. En matière de politique publique vertueuse, on cite souvent la Namibie qui dès 1996 a établi l’égalité des droits propriété et accordé aux femmes le droit de signer des contrats, d’ouvrir un compte bancaire ou d’intenter un procès sans l’avis de leur mari. Le taux d’activité des femmes a progressé de 8 points au cours des dix années suivantes.

Le cadre international et régional

La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (en anglais Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination Against Women, CEDAW) date de  1979. Au niveau continental, le Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique a été adopté en 1998. Ce dernier, connu sous le nom de Protocole de Maputo, symbolise l’engagement des États africains à mettre un terme aux discriminations et violences faites aux femmes.

La dimension genre est désormais davantage prise en considération dans les politiques des États, les recommandations des institutions internationales et régionales et dans les projets des agences de développement. La Déclaration de Malabo de 2014 qui engage les membres de l’Union africaine consacre cette évolution au plan continental. Son cadre d’évaluation comprend un objectif de 20 % de femmes rurales autonomisées dans des domaines de l’agro-industrie, la réalisation d’un taux de 30 % de droit de propriété foncière acquis documentés en leur faveur et 50 % d’accès au financement (CUA, NEPAD, 2015 et 2017).

La société civile et les organisations régionales des producteurs ont de leur côté publié des directives sur l’intégration du genre et produit des connaissances particulières relatives à la problématique du genre (par exemple par le Réseau des organisations paysannes et des producteurs d’Afrique de l’Ouest-ROPPA).

En matière foncière, la référence aux directives de 2012 du Comité de la Sécurité Alimentaire (CSA)[6], a permis d’engager un pas en avant dans plusieurs pays. Un certain nombre de directives et guides contiennent des dispositions assez claires sur le genre (par exemple les Directives volontaires sur les ressources naturelles et les pêches de la FAO). Des orientations spéciales ont été élaborées pour aider les pays à mieux intégrer la dimension genre dans les différents secteurs, le genre dans le secteur de l’élevage et la production animale, la réduction des pertes-après récoltes.

Un indice d’autonomisation : le WEAI

Lorsque les projets utilisent des approches différentes, comment évaluer leurs impacts sur l’autonomisation et l’inclusion des femmes et de formuler des recommandations pour les stratégies à venir ? L’indice d’autonomisation des femmes dans l’agriculture (Project-Level Women’s Empowerment in Agriculture Index – WEAI) élaboré et lancé en 2018 par l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), l’Oxford Poverty and Human Development Initiative, et fondé sur une enquête pour mesurer l’autonomisation et l’inclusion des femmes dans le secteur agricole peut se révéler utile.

Figure 3. Domaines et indicateurs de l’indice pro-WEA

L’indice Pro-WEAI comprend douze indicateurs d’autonomisation des femmes répartis en trois domaines : agencéité intrinsèque (énergie intérieure), agencéité instrumentale (énergie envers) et agencéité collective (énergie avec).

 

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