Comprendre les enjeux de l'agriculture

Nous reproduisons ci-dessous, avec l’aimable autorisation de Philippe Chalmin, les extraits et tableaux concernant les matières premières agricoles de  l’article du Cercle Cyclope sur les marchés internationaux de toutes les  matières premières

La plupart des produits agricoles ont poursuivi, en 2018, leur tendance négative à l’image du sucre et du café, du caoutchouc et de l’huile de palme. On ne peut s’attendre en 2019 à un rebond des marchés qui continueront pour nombre d’entre eux à s’inscrire dans la tendance baissière des derniers mois de 2018.

Dès le début 2018, Donald Trump ouvre le feu contre ses principaux partenaires commerciaux. Sur le plan agricole, la Chine réagit en surtaxant le soja et certaines viandes américains. En 2019, les marchés agricoles seront, en grande partie dominés par des considérations géopolitiques. Ainsi, en réaction à la sur taxation chinoise, Donald Trump met en place des aides directes aux producteurs de soja américain, l’Inde subventionne ses exportations de sucre, la Russie utilise l’arme du blé pour sa stratégie d’influence, la Chine peine à gérer ses monstrueux stocks de céréales, l’Europe, et surtout la France, sont confrontés au mécontentement des producteurs de lait, l’Europe, toujours, s’interroge sur l’avenir du biodiesel d’huile de palme asiatique ou d’huile de soja américaine et argentine, etc.

Les marchés agricoles replongent avec délice dans les méandres obscurs des politiques agricoles. Les échanges internationaux dépendront des nombreux conflits commerciaux en cours qu’il s’agisse du soja, des viandes ou du coton. Concernant le soja, même si la Chine reprenait ses achats en provenance des Etats-Unis, l’abondance des productions nord-américaines en 2018 et sud-américaines au début de 2019 plaide pour un repli marqué des cours. Il en serait de même pour l’huile de palme qui pourrait perdre une partie de ses débouchés dans le biodiesel européen.

Outre les aléas politiques, en 2019, compteront surtout le climat, éventuellement El Nino et des accidents sanitaires comme la fièvre porcine qui favoriserait un rebond des cours du porc.

Toute prévision pour 2019, outre le climat ou les accidents, repose sur l’imprévisibilité de la politique américaine. Jusque là, Donald Trump a été capable de revirements personnels ou imposés par les contre-pouvoirs encore à l’œuvre dans son pays. Il n’est pas certain que cela puisse être encore le cas en 2019 alors que se profilent les élections de 2020.


Philippe Chalmin Philippe Chalmin1

1Philippe Chalmin Professeur d’histoire économique à l’université Paris-Dauphine, diplômé d’HEC, agégé d’histoire, docteur ès lettre et fondateur du Cercle CyclOpe.