Comprendre les enjeux de l'agriculture

Anne-Marie Paulais1 et Jean-Baptiste Pembrun2

La rentabilité pas forcément au rendez-vous

Lely astronaut maquette de robot de traite. Photo AM.Paulais

Pour gagner sa confiance, chercheurs et industriels doivent prouver à l’agriculteur que la robotique améliore réellement la compétitivité de sa ferme. Sur ce point, rien n’est gagné. La mise en place d’un robot de traite est un cas d’école. Quelle que soit la marque, une station de robot seule coûte environ 150 000 € (environ 250 000 € pour deux stalles), prix auquel s’ajoutent des frais de fonctionnement. Selon les résultats d’une étude menée par l’Institut de l’élevage, la Chambre régionale d’agriculture de Bretagne et la chambre d’agriculture de Loire-Atlantique (3), la robotisation engendre des coûts de production supplémentaires de 21 à 29 € /1 000 l par rapport à une salle de traite non robotisée (hors rémunération de la main-d’œuvre). Même dans les exploitations de référence du réseau Inosys, considérées comme économiquement plus performantes que la moyenne, le surcoût d’un robot est estimé à 10 €/ 1 000 l.
Néanmoins, si la robotisation de la traite ne semble pas économiquement pertinente, les spécialistes reconnaissent au robot un intérêt certain en termes de conditions de travail et de souplesse d’organisation.
Pour Antoine Boixière, la question s’est posée il y a cinq ans : embaucher deux salariés ou acheter un robot de traite. Il a opté pour la seconde solution et ne le regrette pas : « le robot travaille sept jours sur sept, ne prend pas de vacances, n’est jamais malade. Au bout de sept ans, il est amorti, alors que le salarié, il faut continuer à le payer la 8ème année… ».
Pour Michel Berducat, les coûts de fabrication des robots agricoles doivent encore baisser pour qu’ils puissent se déployer en plus grand nombre dans les champs. « A cet égard, indique-t-il, le secteur de la robotique agricole doit suivre avec attention les développements technologiques spectaculaires de la voiture autonome et voir comment ils peuvent lui être bénéfiques, même si les applications agricoles présentent des contextes et situations différentes et donc nécessitent des réponses spécifiques ».
« Les robots ne prendront pas, demain ou après-demain, la place des agriculteurs, prédit André Sergent. Mais ils vont transformer les métiers et les rendre plus attractifs ». De fait, l’exploitant agricole robotisé devra, en plus de ses compétences d’agronome, acquérir de nouveaux savoirs technologiques. Il s’agit d’un beau défi à relever. Un de plus !

(1) Paloma Cabeza-Orcel, Institut du Végétal et Michel Berducat, Irstea, Perspectives Agricoles n°438, novembre 2016
(2) Octobre 2015, par Jean-Marc Bournigal, président directeur général de l’Irtsea, François Houllier, président directeur général de l’Inra, Philippe Lecouvey, directeur de l’Acta et Pierre Pringuet, président d’AgroParisTech.
(3) « Robotisation de la traite : recommandations pour maîtriser les coûts », étude menée par Valérie Brocard et Jean-Louis Poulet (Institut de l’élevage), Sébastien Guiocheau (Chambre régionale d’agriculture de Bretagne) et Thomas Huneau (Chambre d’agriculture de Loire-Atlantique).

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