Comprendre les enjeux de l'agriculture

La Commission européenne souhaite réglementer le taux de cadmium contenu dans les engrais phosphatés pour l’ensemble de l’Union européenne. Elle voudrait limiter ce taux à 40 milligrammes (mg) avec la volonté de le baisser à 20 mg d’ici 2030. Le Copa-Cogeca (regroupement du Comité des organisations professionnelles et la Confédération générale des coopératives agricoles de l’Union européenne) est vent debout contre ce projet. Son secrétaire général, le finlandais Pekka Pesonen a déclaré : « Les engrais phosphatés avec du nitrophosphate, du super triple phosphate et de la roche phosphatée comme base représentent environ 30% du marché ».  Le cadmium ne pouvant techniquement être éliminé, le projet de règlement européen, poursuit-il, aura un impact négatif sur les agriculteurs et les consommateurs. Le prix des engrais phosphatés risque d’augmenter, la rentabilité et la productivité des agricultures européennes  de baisser tandis que la qualité des sols et des céréales serait menacée. Aux yeux la Copa-Cogeca, même catalogué toxique, le cadmium est présent en quantité si faible qu’il ne présente aucun danger pour les sols et la santé humaine et animale. En fait, la Commission européenne aurait des motivations extra-sanitaires. La première serait d’ordre protectionniste : protéger les producteurs européens d’engrais chimiques qui ne satisfont pourtant que 10% des besoins des agriculteurs de l’Union européenne. La seconde serait, pour certains commissaires, la tentation de céder à l’intense lobbying de la Russie – principal fournisseur d’engrais à l’Europe avec le Maroc et dans une moindre mesure la Tunisie – en faveur du projet de règlement de la Commission afin d’éliminer ses rivaux du Maghreb. Si le règlement devait être adopté, il aggraverait la dépendance de l’Europe à l’égard de Moscou.

Source : les Echos.fr