Comprendre les enjeux de l'agriculture

L’OCDE et la FAO prévoient un ralentissement de la croissance durant la décennie à venir, ce qui devrait maintenir les prix alimentaires à un bas niveau.

D’ici à 2026, l’appétit du monde pour les produits agricoles devrait considérablement diminuer. Que ce soit dans les céréales, la viande, le poisson ou les huiles végétales, les taux de croissance pourraient chuter de moitié, selon un rapport publié le 10 juillet par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

La première raison de ce retournement de tendance est le tassement de la croissance de la demande en Chine, dont les besoins en viandes et en poissons ont entraîné un bond de la consommation d’aliments pour animaux de près de 6 % par an depuis dix ans. La deuxième raison est le moindre soutien public dont bénéficieront les biocarburants aux États-Unis et en Europe. Ainsi, leur production devrait progresser de 17 % pendant les dix prochaines années, contre 90 % durant la précédente décennie.

L’appétit de l’Inde pour les produits laitiers

L’OCDE et la FAO indiquent également que la reconstitution des stocks de céréales, à hauteur de 230 millions de tonnes (Mt) au cours des dix dernières années, ajoutée à l’abondance des stocks de la plupart des autres produits de base, devrait également concourir à contenir la hausse des prix mondiaux, lesquels ont aujourd’hui pratiquement renoué avec les niveaux d’avant la crise des prix alimentaires de 2007/08.

Les deux organisations s’attendent aussi à une consommation de céréales par habitant « à peu près inchangée », entre 2017 et 2026 à l’exception d’une hausse dans les pays les moins développés. Les perspectives de la consommation de viande paraissent par ailleurs limitées. En Chine, par exemple, la consommation de porc, qui a grimpé de 10 Mt entre 2006 et 2017, devrait progresser seulement de 5 % durant la prochaine décennie.

Les produits laitiers frais seront l’un des rares produits que le monde va consommer avec plus d’appétit qu’au cours des dix dernières années, tout particulièrement en Inde.

En matière de prix agricoles, les marchés semblent d’ailleurs se diriger vers une décennie plus sage, à en croire les auteurs du rapport, qui s’empressent toutefois de rappeler que ces prix seront « extrêmement volatils ». Les pics historiques de la décennie passée l’ont démontré.

Focus sur l’Asie du Sud-Est

L’OCDE et la FAO consacrent un chapitre spécial à l’Asie du Sud-Est. Dans cette région, la croissance économique est forte, et les secteurs agricole, halieutique et aquacole connaissent un développement rapide. Revers de la médaille, cette expansion a accentué la pression sur les ressources naturelles (poisson et huile de palme en particulier). Si les rendements continueront de progresser, la superficie cultivée ne devrait augmenter que de 10 % pendant les dix prochaines années, contre 70 % au cours de la décennie écoulée. Enfin, les mesures de soutien à la production de riz pourraient être réorientées de manière à faciliter la diversification de l’agriculture. « Étant donné la sensibilité de la région aux effets du changement climatique, des investissements devront impérativement être opérés pour faciliter l’adaptation », préviennent les auteurs du rapport.

 

1 Biographie Jean-Baptiste Pambrun 

Ingénieur agronome de formation, Jean-Baptiste Pambrun est journaliste, spécialiste des productions végétales et de l’agrofourniture. Il est l’auteur d’un ouvrage « Des engrais et des hommes » (éditions Unifa, 2009) qui retrace l’histoire commune de l’industrie de la fertilisation et de la nutrition des plantes.

 

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